2022 : mini journal de guerre – mars
Avec Olga, Pacha, Tanya, Valera, Irina, Tola…
Nous préparions un voyage en Ukraine, trois semaines en avril, quelques français de retour dans la Zone. L’armée russe campait par là.
Nous échangions avec Olga pour préparer ce voyage, nous parlons désormais de la guerre.
2014 – Secteur de Poliské – Rudnia 2.0
Les infos permanentes :
- La carte Live (liveuamap) est ici
- La situation militaire au jour le jour
Jeudi 31/3, 23h55
C’est confirmé par l’AIEA.
L’Ukraine a informé aujourd’hui l’AIEA que les forces russes qui contrôlent la centrale nucléaire de Tchernobyl depuis le 24 février avaient, par écrit, transféré le contrôle de la centrale nucléaire au personnel ukrainien et déplacé deux convois de troupes vers le Bélarus. Un troisième convoi avait également quitté la ville de Slavutych, où vivent de nombreux membres du personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl, et s’était dirigé vers la Biélorussie. En outre, l’Ukraine a signalé qu’il y avait encore des forces russes sur le site de la centrale nucléaire de Tchernobyl, mais a présumé que ces forces se préparaient à partir.
AIEA, point du 31 mars, traduction automatique
Jeudi 31/3, 23h30
Je regarde très peu d’images de la guerre. Je vois celles publiées dans les fils que je lis et celui du Monde est très sobre.
LiveUaMap publie cette vidéo Youtube, un film de drone au dessus de l’aéroport de Hostomel, attaqué au début de la guerre (et qu’entendait Olga depuis Irpin). Reconnaître l’Ukraine dans ces images, le saccage, sous la musique dramatique, je m’attends à voir le réacteur éventré à l’occasion d’une rotation supplémantaire du drone. Non, ce n’est pas l’accident de Tchernobyl (Ukraine-saccage-dramatique), c’est la guerre en 2022.
Pacha va bien, il a tout ce qu’il faut, il a reçu sa solde. Il embrasse Maya. On n’a pas à savoir où il est, mais ça va.
Les élèves rappellent Olga pour prendre des cours, l’une, depuis l’Ukraine, d’anglais, l’autre depuis la Pologne, de français parce qu’il veut tenter sa chance au Canada.
C’est bleu à la centrale. Les camions rouges remontent vers la frontière biélorusse.
Jeudi 31/3, 20h45
Nos troupes ont occupé Irpin, mais Bucha est toujours sous le contrôle de l’ennemi, la Garde nationale s’y est retranchée et les bombardements de mortier se poursuivent constamment, principalement le long des routes logistiques, d’où vous pouvez vous approcher et entrer. Par conséquent, tous nos développements dans le nettoyage de la ville, l’évacuation des blessés et des morts sont toujours menacés, a déclaré Oleksandr Pavlyuk, chef de l’Administration militaire régionale de Kiev (OVA).
Comments.ua, à propos d’un retour des habitants à Irpin
Le commandement des forces terrestres ukrainiennes affirme avoir compté « près de 700 unités d’équipement se retirant vers Ivankov, vers la frontière biélorusse.
La purge des chemins de fer biélorusses bat son plein. Des dizaines de conducteurs de train et de personnel technique ont été arrêtés cette semaine. Rien qu’aujourd’hui, les chaînes pro-gouvernementales Telegram ont publié plus de 30 vidéos dans lesquelles des employés arrêtés « avouent » avoir saboté des échelons russes et d’autres crimes.
Jeudi 31/3, 20h00
Les Russes auraient quitté Tchernobyl, avec un certain formalisme cocasse…
Les troupes russes ont signé un document « remettant la garde de la centrale nucléaire de Tchernobyl au personnel de la centrale nucléaire ».
Un article douteux évoque un départ des Russes de la ville de Dymer, entre Ivankiv et Kiev. Est-ce que les Russes vont quitter Ivankiv et tout le district sud-ouest de Tchernobyl ? Va-t-on avoir des nouvelles de Tola et Valera ?
Jeudi 31/3, 17h30
La compagnie nucléaire ukrainienne (Energoatom) affirme que les forces russes situées dans la région de Tchernobyl ont annoncé qu’elles quitteraient le site. La société dit que certains sont partis et qu’il ne reste plus qu’un petit nombre.
Le capteur JRC de Tchernobyl (ville) n’est pas reconnecté.
Jeudi 31/3, 11h45
« Briefings insuffisants » et « manque de maîtrise des sujets » : changement de direction au renseignement militaire français.
Les services de renseignement américains et britanniques font état d’une détérioration des relations entre Poutine et le ministère de la défense russe :
Nous avons des informations, que nous avons maintenant rendues publiques, selon lesquelles [Vladimir Poutine] s’est senti trompé par l’armée russe.
Kate Bedingfield, directrice de la communication de la Maison Blanche
Le fil Twitter britanique :
Jeudi 31/3, 0h25
Des envahisseurs russes irradiés dans la zone de Tchernobyl ont été emmenés à Gomel pour y être soignés.
Obozrevatel, traduction automatique
Mercredi 30/3, 23h38
Aperçus. Revue de presse.
Je me demande si le razbornic ne devrait pas être un motif d’invasion de l’Autriche…
Anonyme (sorte de devinette)
J’aime beaucoup « Reines de chantiers »…
Pascal
Le Monde (fil principal chez nous)
Emancipation (en avance d’une journée)
Kyiv Independent (traduction automatique)
Ukr (traduction automatique)
Mercredi 30/3, 23h30
Les Russes auraient amorcé leur retrait de Tchernobyl, direction la Bielorussie.
Le directeur de l’AIEA communique sur sa présence en Ukraine.
« Il est vital d’être sur le terrain afin de fournir un soutien efficace à l’Ukraine en ces temps extrêmement difficiles », a déclaré le directeur général Grossi.
AIEA, point du 30 mars
Je ne vois pas bien quelle aide concrète apporte l’AIEA.
Les pourparlers d’hier n’ont pas l’air d’avoir eu lieu.
4 millions de réfugiés.
Mercredi 30/3, 11h45
L’augmentation des niveaux de rayonnement relevés dans la zone de Tchernobyl au début de l’invasion serait due à la traversée de la forêt rouge par des blindés russes, selon deux travailleurs de la centrale, cités par Reuters.
Quand on leur a demandé s’ils étaient au courant de la catastrophe de 1986, l’explosion du quatrième bloc (de la centrale de Tchernobyl), ils n’avaient aucune idée. Ils n’avaient aucune idée du type d’installation dans laquelle ils se trouvaient. Nous avons parlé à des soldats réguliers. Tout ce que nous avons entendu d’eux était « C’est une infrastructure d’une importance cruciale ».
Mercredi 30/3, 9h15
Une avancée diplomatique hier en Turquie ? Tout le monde attend de voir…
Mercredi 30 mars à 18h30 // Le nucléaire est-il compatible avec la guerre ? Le Flambard, Lannion
Trégor Sonore organise une sonférence hors-série (accessible en visio binaurale), animée par Valérie Arnhold, enseignant-chercheure en sociologie et Pascal Rueff, réalisateur indépendant.
La possibilité d’un accident nucléaire en Europe est aujourd’hui envisagée comme corollaire du conflit qui se déroule en Ukraine. Est-ce que les centrales nucléaires sont des organismes fragiles face à la guerre ? Comment sont-elles protégées ? Faut-il repenser la dépendance à l’énergie nucléaire face à la démonstration de ses vulnérabilités ? À partir de la situation actuelle en Ukraine, cette sonférence propose un tour d’horizon des risques et des modes de gouvernance qui s’appliquent à cette industrie particulière.
Mardi 29/3, 23h30
Olga apprend l’ukrainien à un Français, en ligne.
Ah, tu vois, l’ukrainien est à la mode !
La mère d’Olga
Karine (la psychologue) revient demain.
Morgane ne comprend pas que l’on colle les petits ukrainiens tout de suite à l’école dans les pays où ils débarquent.
Si ça s’arrêtait demain, les bombes, quel futur ça dessinerait ?
Mardi 29/3, 23h00
Le Maire de Slavutych déclare que les Russes ont quitté la ville.
Le maire de la ville de Slavoutytch, où vivent les employés de la centrale de Tchernobyl, annonce au Monde que les troupes russes, qui encerclaient la ville depuis un mois et y sont entrées samedi, sont parties, démentant les informations selon lesquelles la ville serait occupée. « Il n’y en a plus depuis deux jours », précise Yuri Fomichev.
Mardi 29/3, 18h15
La Roumanie frontalière de l’Ukraine va distribuer gratuitement la semaine prochaine des comprimés d’iode à la population, afin de la « préparer » à un éventuel incident nucléaire lié à l’invasion russe, a annoncé mardi le gouvernement.
« Nous ne pouvons pas exclure totalement » ce risque et « on sait qu’en cas d’accident, on n’a pas le temps de distribuer les pilules », a déclaré le ministre de la Santé Alexandru Rafila lors d’une conférence de presse. « Elles ne doivent pas être prises de manière préventive », a-t-il insisté, annonçant le lancement prochain d’une campagne d’information.
Mardi 29/3, 18h00
Nous soulignons que la pression psychologique et physique sur le personnel des centrales nucléaires et leurs familles augmente considérablement la probabilité d’erreur du personnel, qui à son tour peut entraîner des urgences et des accidents.
SNRIU, point du 29 mars à propos de Zaporijia
Tous les régulateurs sont d’accord pour dire que la guerre ne fait pas bon ménage avec le nucléaire.
Mardi 29/3, 15h00
Nous insistons pour qu’il s’agisse d’un accord international qui sera signé par tous les garants de la sécurité », a déclaré David Arakhamia. « Nous voulons un mécanisme international de garanties de sécurité où les pays garants agiront de façon conforme au chapitre 5 de l’OTAN, et même de façon plus ferme », a-t-il ajouté. L’article 5 du traité de l’Alliance atlantique stipule qu’une attaque contre l’un de ses membres est une attaque contre tous.
Pour que ces garanties puissent prendre effet dans les plus brefs délais, la Crimée et les territoires du Donbass sous contrôle des séparatistes prorusses, seraient « temporairement exclues » de l’accord, a encore précisé le négociateur. Il a estimé qu’après les discussions de mardi à Istanbul, les conditions étaient « suffisantes » pour une rencontre au sommet entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le Monde, à l’issue des pourparlers d’aujourd’hui en Turquie
Mardi 29/3, 14h15
Petit rappel sur les conditions qui prévalent en forêt contaminée.
En 2014, une étude de Musseau et Møller (deux chercheurs dont nous avons déjà parlé ici) a montré que la vitesse de décomposition du bois mort étaient inversement proportionnelle à la contamination radioactive des sols.
Nous enjambions tous ces arbres morts au sol qui avaient été tués par l’explosion initiale. Des années plus tard, ces troncs d’arbres étaient en assez bon état. Si un arbre était tombé dans mon jardin, ce serait de la sciure en 10 ans environ.
Tim Mousseau, professeur de biologie à l’Université de Caroline du Sud
A cause de l’impact du rayonnements sur les micro-organismes, les végétaux pourrissent mal, et d’épaisses litières sèches s’accumulent, constituant des stocks croissants de combustible.
Outre les risques que les incendies font peser sur la gestion d’un site comme Tchernobyl, rappelons encore que les dépôts radioactifs au sol sont divers, en répartition et en composition : à proximité de la centrale, les concentrations de radioéléments lourds sont plus importantes parce que leur densité les fait retomber plus vite, et donc plus près.
En 2019, une équipe de l’université de Bristol a cartographié une partie des environs de la centrale avec des drones équipés de Lidar et de spectromètres gamma.
Mardi 29/3, 13h00
Le directeur de l’AIEA est en Ukraine.
Le conflit militaire fait courir un danger sans précédent aux centrales nucléaires ukrainiennes et aux autres installations contenant des matières radioactives. Nous devons agir de toute urgence afin qu’elles puissent continuer à fonctionner de manière sûre et sécurisée, et réduire le risque d’un accident nucléaire qui pourrait avoir de graves incidences sur la santé et l’environnement en Ukraine et ailleurs. […] Le pire a été évité de justesse à plusieurs reprises. Nous ne pouvons plus perdre de temps. Ce conflit cause déjà des souffrances humaines et des destructions inimaginables. L’expertise et les capacités de l’AIEA sont nécessaires pour éviter qu’il ne conduise également à un accident nucléaire.
AIEA, point du 29 mars, publié en français
Decathlon cesse ses activités en Russie.
Mardi 29/3, 11h30
Un topo de chez Maxar, société commerciale d’imagerie satellite, dont les photos sont régulièrement relayées par la presse. Le principal client de Maxar est le gouvernement américain ; mais les images peuvent être rendues disponibles pour la presse ou en cas de crise (pour améliorer l’efficacité des réponses).
Le conflit en Ukraine et ses implications mondiales créent une opportunité pour les nouvelles entreprises spatiales d’observation de la Terre de démontrer leurs capacités. Il n’y a pas de meilleure occasion que celle-ci pour montrer comment la télédétection peut soutenir la narration médiatique et aider le grand public à comprendre une crise comme celle de l’Ukraine.
Scott Herman, PDG de Cognitive Space et expert en données géospatiales qui travaille avec les opérateurs de satellites commerciaux, cité dans cet article, traduction Deepl
Mardi 29/3, 9h30
LiveUaMap publie une image satellite de l’un des foyers à l’ouest de la centrale de Tchernobyl ; l’incendie est à 4 kilomètres du réacteur 4.
Petite prédominance des vents de sud à cette époque de l’année (on se souvient que le panache de Tchernobyl avait commencé son voyage poussé vers le nord).
Les statistiques météo à Slavutych / Les statistiques météo à Ivankiv
Lundi 28/3, 23h45
Le point de la Criirad rapporte de nombreux incendies autour de Tchernobyl, y compris une paire de foyers tout récents à 3 et 4 kilomètres de la centrale, c’est-à-dire dans des dépôts forts.
Sur l’ensemble de la couverture dosimétrique disponible depuis le début de la guerre, la Criirad ne relève pour l’instant que deux anomalies : l’élévation du début, dans la zone de Tchernobyl, attribuée aux remuements du sol par l’arrivée des blindés, et une valeur isolée à Kiev, qui ne s’explique pas pour l’instant.
Lundi 28/3, 19h45
Le point de l’AIEA est consacré à une nouvelle atteinte sur le site de productions d’isotopes de Kharkiv (source à neutrons).
Samedi, l’Ukraine a indiqué à l’AIEA que l’installation avait de nouveau été la cible de tirs, mais qu’il n’était pas encore possible d’évaluer les dégâts. Dans sa mise à jour d’aujourd’hui, l’Ukraine a déclaré que le bâtiment, son isolation thermique et le hall expérimental avaient été endommagés, mais pas la source de neutrons, qui contient des matières nucléaires utilisées pour générer des neutrons pour la recherche et la production d’isotopes.
AIEA, point du 28 mars, traduction Deepl
La situation est inchangée sur les autres sites. Le Maire de Slavutych a déclaré que les Russes étaient partis et que les missions de police étaient confiées à une sorte de milice citoyenne. Mais je ne sais plus où j’ai lu ça maintenant…
Je me souviens que ce mini-journal est un journal, c’est-à-dire l’endroit où je range des bribes. J’ai un dossier épais comme le bras du suivi de Fukushima, avec les rapports journaliers de Tepco et tout et c’est à peu près illisible. Donc, des bribes. Échantillonnage.
Lundi 28/3, 19h30
Je ne savais que les chars pouvaient être si gros maintenant. On dirait du Miyazaki, genre Château dans le ciel. Je crois que tous ses films finissent bien. Les machines tombent à la fin.
Ou du Bilal ? … Pas sûr que les machines meurent chez Bilal.
Lundi 28/3, 16h30
Alexandre Markouchine, maire d’Irpin, annonce sur Facebook que la ville a été reprise aux Russes.
Lundi 28/3, 9h30
Le directeur général a réitéré sa préoccupation concernant les conditions de travail difficiles sur le site de l’accident de 1986. Il a déclaré que l’AIEA continuait à surveiller la situation, suite aux rapports des médias sur les activités des forces militaires russes dans et autour de Slavutych, où vivent de nombreux employés de la centrale [de Tchernobyl], en raison de l’impact que cela pourrait avoir sur leur capacité à se rendre au travail et à en revenir.
AIEA, point du 27 mars
La première ministre adjointe ukrainienne, Iryna Verechtchouk, demande « que le Conseil de sécurité de l’ONU prenne des mesures immédiates pour démilitariser la zone d’exclusion de Tchernobyl », en proie à des incendies, autour de la centrale nucléaire.
Dimanche 27/3, 23h15
Pensionnaire loin de chez elle, la fille aînée de Valera n’a pas pu rejoindre son père et sa sœur au moment de l’invasion ; Olga a échangé avec elle via Instagram ; elle est en sécurité dans la famille d’une amie ; elle n’a pas de nouvelle de son père et de sa sœur depuis deux semaines ; elle parle un peu avec sa mère, toujours à Kyiv.
Rien de nouveau pour Pacha. Des sirènes, mais ça va.
Je me restaure, je me recompose, je me réécris.J’apprends à vivre ici.
Olga, par téléphone
Dimanche 27/3, 22h45
Quelques 7 000 hectares de forêt seraient en feu dans la Zone ; l’information émane de l’Ukrainian Environmental Group (UNCG), cité par Ecopolitika, un fil que suit Olga. Les pompiers ne pourraient pas agir du fait de la proximité des Russes (lu par Olga, ailleurs) ou bien les Russes n’auraient pas les moyens de lutter contre les incendies, ce n’est pas clair.
La superposition sur Google Earth montre essentiellement des zones de prairie, ce qui nous ramène à l’hypothèse des brulis de printemps que j’évoquais l’autre jour. J’aimerais mieux.
Donc, je ne sais pas.
Un fil d’actus en ukrainien, dont l’orientation ne fait aucun doute (traduction automatique)
Autres fil et trois extraits :
Les infidèles [?] russes, qui avaient précédemment capturé la centrale nucléaire de Tchernobyl, ont creusé des tranchées pour eux-mêmes dans la zone d’exclusion. Il convient de noter qu’ils ont décidé de le faire dans la forêt rouge, qui est adjacente à la centrale nucléaire de Tchernobyl et a reçu la plus grande part du rejet de poussière radioactive lors de l’explosion du réacteur de 1986.
GuildHall, Des envahisseurs russes ont creusé dans la forêt la plus radioactive près de Tchernobyl, traduction automatique
À ce jour, un accord préliminaire a été conclu entre le ministère de la Défense et la Banque centrale de la Fédération de Russie sur l’annulation par les banques des dettes sur les prêts aux militaires qui exécutent des commandes sur le territoire de l’Ukraine.
GuildHall, Tous les moyens sont bons. Les autorités russes ont trouvé un moyen d’attirer les conscrits en Ukraine, traduction automatique
Les troupes russes continuent de militariser la zone d’exclusion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, ce qui augmente sérieusement le risque de dommages aux structures d’isolation construites au-dessus de la quatrième unité de puissance de la centrale. Cela a été rapporté dans le résumé de l’état-major général d’Ukraine du 27 mars. Selon lui, des dizaines de tonnes de projectiles de roquettes, d’obus d’artillerie à canon, de munitions de mortier sont quotidiennement transportés par des unités du district militaire oriental des forces armées russes depuis la base logistique déployée dans la région de Gomel en Biélorussie. « Le couloir de transport des envahisseurs traverse la ville de Pripyat et à quelques centaines de mètres des structures d’isolement de la centrale nucléaire. Un stockage supplémentaire de munitions est effectué dans la ville de Tchernobyl, adjacente à la ville de Pripyat, qui est également situé à une distance insignifiante de la centrale nucléaire », indique le document.
Facenews, Les troupes russes continuent de militariser la zone d’exclusion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, traduction automatique
Blague :
La sirène n’arrête pas de sonner, ça dure, elle n’arrête pas…Mais qu’est-ce qu’ils foutent avec cette bombe ? Ils l’amènent à vélo ou quoi ?
Anonyme, cité par Olga
Encouragement :
Une petite fille biélorusse, qui a enfin reçu pour son anniversaire le petit drone qu’elle attendait depuis longtemps, l’envoie aux forces ukrainiennes pour sauver l’Ukraine.
Anonyme, cité par Olga
Dimanche 27/3, 21h00
J’étais passé au mois avril… C’est l’habitude de l’anniversaire du 26 avril. C’est corrigé.
Dimanche 27/3, 1h10
L’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) publie à peu près chaque année le résultat d’une enquète sur la perception des risques et de la sécurité par la population française. Nous avons déjà parlé du baromètre IRSN.
La dernière enquète accessible, publiée en 2021, porte sur la perception des risques fin 2020.
[…] Les préoccupations relatives aux risques nucléaires sont particulièrement faibles cette année. Situées en fin de classement à 1 %, elles enregistrent un minimum historique. Lorsque les Français doivent choisir le sujet le plus préoccupant, les risques nucléaires sont habituellement très peu mis en avant. Nous expliquons le point bas historique de 2020 par le fait que cette année la concurrence avec d’autres sujets de préoccupation a été plus intense : santé, terrorisme, mais aussi dérèglement climatique et problèmes sociaux. En comparaison, le nucléaire se trouve d’autant plus minimisé.
[…] Le potentiel catastrophique que les Français attribuent aux installations industrielles montre une grande stabilité depuis 2005. Les installations nucléaires et chimiques demeurent perçues comme celles qui risquent le plus de provoquer un accident grave ou une catastrophe.
[…] Les deux catastrophes que les Français jugent les plus effrayantes sont les accidents nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima.
IRSN, Baromètre IRSN 2021 sur la perception des risques et de la sécuritéEnquête Internet : réalisée par Harris Interactive du 17 au 25 novembre 2020 auprès d’un échantillon représentatif de 2011 personnes. Durée moyenne, 22 minutes.Enquête face‑à‑face : réalisée par CDA du 16 novembre au 3 décembre 2020 après d’un échantillon représentatif de 1048 personnes. Durée moyenne, 39 minutes.
Le baromètre 2022 (pour la perception des risques en 2021) n’est pas encore disponible. L’analyse de l’impact de la guerre en Ukraine sur la perception des risques en France sera lisible l’année prochaine.
Dimanche 27/3, 1h00
Où l’on reparle de l’un des pilliers de la sureté et de la sécurité nucléaire :
Le directeur général [de l’AIEA] a déclaré qu’il restait préoccupé par la capacité du personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl à effectuer une rotation régulière et à rentrer chez lui dans la ville voisine de Slavutych pour se reposer. Il n’y a pas eu de rotation du personnel à la centrale nucléaire depuis près d’une semaine, a indiqué l’autorité de régulation.
AIEA, point du 26 mars, traduction Deepl
Samedi 26/3, 23h00
Deux moments d’échanges autour de la guerre en Ukraine :
Mardi 29 mars à 18h30 // L’invasion de l’Ukraine : Pour un débat citoyen. La Fabrique à Paroles, 2 rue de Run Baëlan à Paimpol
L’Image qui parle organise un débat animé par Alain Le Guyader, philosophe et sociologue, ancien Directeur du Master : « Coopération et Solidarité Internationale » de l’Université d’Evry Val d’Essonne.
Au-delà des légitimes émotions que nous partageons et des actions de solidarité que nous menons, il nous a semblé important que des citoyennes et des citoyens se saisissent de ce séisme majeur, échangent et en débattent. Car ce second retour de la guerre en Europe, après celle de l’ex-Yougoslavie, bouleverse les relations internationales et les données que nous croyions acquises de la sécurité collective sur notre continent voire au-delà. Son onde de choc, qui frappe au cœur des conditions de la paix, est de longue portée.
Mercredi 30 mars à 18h30 // Le nucléaire est-il compatible avec la guerre ? Le Flambard, Lannion
Trégor Sonore organise une sonférence hors-série (accessible en visio binaurale), animée par Valérie Arnhold, enseignant-chercheure en sociologie et Pascal Rueff, réalisateur indépendant.
La possibilité d’un accident nucléaire en Europe est aujourd’hui envisagée comme corollaire du conflit qui se déroule en Ukraine. Est-ce que les centrales nucléaires sont des organismes fragiles face à la guerre ? Comment sont-elles protégées ? Faut-il repenser la dépendance à l’énergie nucléaire face à la démonstration de ses vulnérabilités ? À partir de la situation actuelle en Ukraine, cette sonférence propose un tour d’horizon des risques et des modes de gouvernance qui s’appliquent à cette industrie particulière.
Samedi 26/3, 22h00
Повідомлення для Валерa
Вийшла лисиця; вам потрібно почекати 3 тижні, щоб сподіватися побачити маленьких.
Message pour Valera.
La renarde est sortie ; faut attendre la semaine 15 pour espérer voir les petits.
Samedi 26/3, 21h30
Ce matin, une petite équipe municipale a débarrassé l’ancien logement de fonction de l’école. C’est lumineux, il y a quatre chambres. Les journalistes sont passés. Le plombier et l’électricien passeront. On a enlevé la tapisserie rose et la frise verte, vidé des années de petits pots en verre, des catalogues d’échantillons de papier peint, des graines, des pommes de pin et un lot de flutes à bec, déplacé les p’tits vélos… et aéré. C’était le printemps. On préparait pour des amis que l’on ne connaît pas.
Samedi 26/3, 21h00
Le ministère de la Défense ukrainien relevait ironiquement que « Leroy Merlin devient la première entreprise au monde à financer le bombardement de ses propres magasins »
Huffington Post, à propos du maintien des activités du groupe Mulliez en Russie et du bombardement du magasin de Kiev ce 21 mars
La Dépêche dresse une liste des entreprises qui bossent en Russie.
- Groupe Auchan : 255 magasins Auchan, 61 Decathlon, 112 Leroy-Merlin)
- TotalEnergies : elle exploite le gisement de gaz Yamal LNG en Sibérie, partenaire de Novatek
- Renault : le groupe contrôle Avtovaz qui commercialise la marque Lada
- Stellantis (ex Peugeot-Citroën)
- Engie : l’entreprise a cofinancé le gazoduc Nord Stream 2
- Société Générale : la banque française possède Rosbank
- Accor (groupe hôtelier)
- Safran
- Sanofi
- Air Liquide
- Saint-Gobain
- EDF
- Alstom : le groupe possède 20 % du constructeur ferroviaire Transmashholding
- Transformation du lait (Danone, Lactalis)
- Bonduelle
- Pernod-Ricard
Ricard… Au pays de la vodka ?
Anonyme (local)
Bon.
On ne roule pas en Renault, en Peugeot ou en Citroën, on n’est pas à la Société Générale (je viens de regarder : c’est une banque en fait), EDF, on n’y est plus et les yaourts viennent de pas loin : je vais écrire à Décathlon et on ne mangera plus de petits pois.
De toute façon (si vous avez bien suivi), les parents d’Olga en plantent, des petits pois.
Ok. On commande mon vélo et après on arrête.
Maya
Samedi 26/3, 20h00
C’est le printemps ! Espérons que ça reste vert !
Anonyme local
Le maire [de Slavutych] s’est exprimé devant les manifestants, comme le rapporte notre journaliste Faustine Vincent : « [Les Russes] vont passer dans la ville pour voir si des personnes cachent des armes. Ils vont circuler, mais ensuite ils doivent tous quitter la ville. »
« On doit désormais parler avec l’occupant, on n’a pas d’autre option. (…) On n’a pas d’armes automatiques ni de lance-grenades ou de chars. On n’a que nos mains, nos têtes et nos cœurs, c’est le plus important ! » , a lancé le maire.
Les Russes vont passer dans l’Ukraine pour voir si des personnes cachent des armes. Ils vont circuler, mais ensuite ils doivent tous quitter l’Ukraine.
Samedi 26/3, 13h30
Au 26 mars 2022, toutes les installations de la centrale nucléaire de Tchernobyl et les installations situées dans la zone d’exclusion restent sous le contrôle des militaires du pays agresseur.
Selon la direction de la centrale nucléaire de Tchernobyl, la ville de Slavutych a également été saisie par les envahisseurs russes, et des véhicules militaires ennemis sont déployés dans la ville. Cela met en danger la vie et la santé de tous les habitants de la ville.
Comme on le sait, Slavutych est la ville de résidence du personnel travaillant dans les installations de la centrale nucléaire de Tchernobyl et dans les installations et entreprises situées dans la zone d’exclusion, ainsi que des membres de leurs familles, ce qui crée une pression psychologique et morale importante sur le personnel opérationnel qui assure actuellement la sécurité nucléaire et radiologique des installations du site de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Le contrôle réglementaire de l’état de la sûreté nucléaire et radiologique sur le site de la centrale nucléaire de Tchernobyl et dans la zone d’exclusion, ainsi que le contrôle des matières nucléaires sont actuellement impossibles à exercer.
SNRIU, point du 26 mars, traduction Deepl
Samedi 26/3, 9h00
La guerre totale menée par la Russie en Ukraine a bouleversé un grand nombre de prophéties, qu’il s’agisse de prédictions apocalyptiques ou de grands espoirs.
Cela fait maintenant un mois que cette nouvelle réalité existe depuis que les attaques de la Russie ont commencé tôt le matin du 24 février 2022.
Oui, le Kremlin a vraiment lancé une offensive militaire de niveau Seconde Guerre mondiale contre l’Ukraine. Leur invasion est pleine de crimes de guerre et de barbarie, et manque d’une voix de raison évidente.
Non, l’Ukraine ne s’est pas révélée fragile et ne s’est pas agenouillée devant l’armée d’invasion.
Au contraire, après un mois d’hostilités, des résultats tangibles indiquent que l’Ukraine a subi le premier coup majeur de la guerre. Elle a fait échouer le plan initial et le plus dangereux du Kremlin, à savoir une invasion rapide, sous le coup de l’émotion.
La guerre entre maintenant dans une nouvelle phase – une guerre d’usure épuisante et à long terme, et une nouvelle épreuve difficile pour l’armée et la nation ukrainiennes.
Mais grâce à d’importantes victoires initiales, ainsi qu’à un large soutien international, cette nouvelle phase ouvre une large fenêtre d’opportunité pour infliger une véritable défaite militaire à la Russie.
The Kyiv Independent, traduction Deepl
Vendredi 25/3, 23h00
Au téléphone avec Olga (qui vous embrasse). Bribes.
– On apprend la géographie avec cette guerre…
– Les Biélorusses résisteraient avec le sabotage des lignes ferroviaires et des diarrhées spontanées (chez les soldats).
– Pacha aime toujours la nature.
– Je ne fais plus de cauchemar,. Dans le dernier je ne sais pas où je suis : chez moi, chez les parents, non je ne sais pas. Et je me réveille en France.
– Toujours pas de nouvelles de là-haut.
– C’était la journée de la patate (trop bon ce ragout) et de la betterave (trop bon ta salade, Nadège). Une betterave quasiment meilleure qu’en Ukraine.
– Les mamies préparent à manger pour les soldats, elles mettent un mot sur les verrines : Mangez bien les garçons ! Et pensez à nous ramener les bocaux.
Vendredi 25/3, 20h00
On fait le point dans la cuisine. Les Russes ont annoncé vouloir concentrer leurs forces sur l’Est.
Aveu d’échec sur l’objectif plus ambitieux d’annexer toute l’Ukraine ?
Carabistouille ?
Qu’est-ce qu’on y connaît en carabistouilles de guerre ?
N’empêche, la lampe verte flashe un instant dans un coin de la tête. Le début de la fin de cet écrabouilloire ? Le début du reflux ?
C’est maintenant qu’il faut être prudent. Si M. Poutine a un rot d’orgueil et qu’il le pose sur la table…
Mais qu’est-ce qu’on y connaît en rots de ce genre-là ?
Morbleu, ce salopard a mis de l’intensité dans les bisous du soir.
Anonyme
On dirait que l’élan d’humanité qui nous anime d’habitude en pointillé est maintenant tout fringant : la menace générale sur la vie ordinaire n’est plus diffuse. Elle vient de se trouver un vrai méchant, bien compact, judoka et, saperlipopette, on est retourné au 20ème siècle !
Quand la fin du monde était seulement branchée sur des boutons rouges, verrouillés par le niveau zéro de l’instinct de survie (la Bombe, c’était tabula rasa, exit sapiens).
Le terrorisme (insidieux), le réchauffement (trop grand), la victoire du fric (super flippant), la fin pédophilique du religieux dans nos contrées (ouf, mais la science pilotée par le cortex technocrate ne suit-elle pas le même chemin ?), même le petit virus, dont le nom de code boutiqué à la va-vite à l’air d’indiquer une sorte d’association abyssale (co-vide), quoi de plus diffus comme menace générale sur la vie ordinaire ?
Ouf. C’est fini. Je me réjouis de la vitalité des militaires ukrainiens, des forces de l’OTAN — même l’Amérique m’est plus sympathique —, du fric à gogo, de la solidarité politique, de l’élan général pour la vie ordinaire (qui était, comme je le disais à l’instant, assez bizarre ces derniers temps, mais pour l’instant, on s’en fout).
Morgan prépare un ragout de patates. Avec de la vodka, c’est top.
Maya m’appelle pour l’apéro.
Vendredi 25/3, 9h00
Après le réseau SaveEcoBot, dont les dernières mesures datent du 1er mars, la balise du réseau JRC installée à Tchernobyl ne transmet plus depuis le 18 mars. Celle d’Ovrouch (90 km à l’ouest de Tchernobyl) continue d’émettre.
L’IRSN a publié un point sur la situation radiologique liée aux incendies.
Jeudi 24/3, 23h30
En ce moment même, l’ennemi tente de s’emparer de la ville de Slavutych et procède au pilonnage des postes de contrôle. Le personnel travaillant dans les installations de la centrale nucléaire de Chornobyl, ainsi que dans les installations et les entreprises situées dans la zone d’exclusion, vit à Slavutych.
La situation actuelle met en danger la vie et la santé des employés de la centrale nucléaire de Chornobyl et de leurs familles, crée une pression psychologique et morale importante sur le personnel opérationnel assurant la sécurité nucléaire et radiologique des installations de la centrale de Chornobyl, et rend impossible d’assurer la rotation du personnel.
SNRIU, point du 24 mars, traduction Deepl
Toujours dans la ville de Tchernobyl, l’Agence d’État pour la gestion de la zone d’exclusion a signalé qu’un laboratoire environnemental avait été « pillé par des maraudeurs » et que son équipement avait été volé. Il n’a pas été possible de vérifier où se trouvaient les sources d’étalonnage des radiations et les échantillons environnementaux du laboratoire, a-t-elle ajouté. L’Agence cherche à obtenir davantage d’informations auprès des opérateurs du laboratoire. Toutefois, sur la base des informations fournies, l’AIEA estime que l’incident ne présente pas de risque radiologique significatif.
AIEA, point du 24 mars, traduction Deepl
Jeudi 24/3, 22h00
Des patates trop longues à cuire. Quel rapport avec la guerre ? Dans l’immédiat, aucun.
Food bank users declining potatoes as cooking costs too high
The Guardian (Les utilisateurs des banques alimentaires déclinent les pommes de terre car le coût de la cuisson est trop élevé)
Jeudi 24/3, 19h00
La guerre passe sur Youtube.
Jeudi 24/3, 18h00
Les combats entre la Fédération de Russie (FR) et les forces armées ukrainiennes (FAU) dans et autour de la zone d’exclusion de Tchernobyl (ZEC) ont déclenché des feux de forêt, ce qui augmente le risque de propagation des radiations ailleurs par la fumée, a déclaré un responsable ukrainien le jeudi 24 mars.
Ruslan Silets, porte-parole du ministère ukrainien de la protection de l’écologie et des ressources naturelles, a déclaré, dans des commentaires télévisés largement repris par les médias ukrainiens, que les pompiers et d’autres unités d’intervention d’urgence étaient sur place et que la plupart des incendies étaient sous contrôle.
Les échanges de tirs d’artillerie et de tirs directs entre les forces de l’UAF et de la RF représentaient un réel danger pour les équipes de lutte contre les incendies, mais, à l’heure actuelle, les intervenants d’urgence ont pu atteindre tous les incendies et les perspectives sont bonnes quant à l’extinction prochaine des flammes, a-t-il déclaré.
Un contrôle des niveaux de radiation effectué par KP dans une banlieue de Kiev le jeudi 24 mars au matin a montré que les isotopes se situaient entièrement dans les limites normales de sécurité.
Kyiv Post, traduction Deepl
Jeudi 24/3, 17h00
L’OTAN va fournir à l’Ukraine des équipements de protection contre les menaces chimiques, biologiques et nucléaires et va également protéger ses forces déployées sur le flanc oriental contre ces menaces, a annoncé jeudi le secrétaire général de l’Alliance.
Jeudi 24/3, 15h00
Irina et Olga passent pas mal de temps dehors ; elles dorment bien. Les nouvelles de la famille sont bonnes. Pacha est quelque part sur la frontière ouest.
Jeudi 24/3, 3h00
Hier, avec Mael, nous avons enregistré le cours d’espagnol de Madame B. avec un mannequin dans sa classe, un autre dans la salle vide du dessous, un troisième dans la salle vide du dessus. Nous avons enregistré la dynamique de l’eau de chauffage dans des radiateurs et la sortie de midi.
J’ai photographié ce matin de collège.
Et bien entendu, les images se superposaient parce que ces jours-ci la presse montre des immeubles plus ou moins similaires, crevés par une espèce de coup de masse.
Et je sais que l’on dit toujours ça quand la nouvelle réalité commence à former une peau, qu’elle commence à sourdre dans l’évidence précédente.
Dans le film « Le cercle parfait« , la guerre de Yougoslavie a lieu, dans ma tête, au moment où l’on voit débouler une Peugeot 306, la lunette arrière explosée.
Cette petite voiture contemporaine fixe instantanément la guerre dans mon intime conviction, qui est l’endroit de l’évidence des choses et de leur infréquentable solidité. La guerre existait.
Mercredi 23/3, 23h45
Plus tôt dans la journée, l’autorité de régulation ukrainienne a informé l’AIEA que des pompiers tentaient d’éteindre des feux de forêt près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, une zone qui a déjà connu de telles flambées les années précédentes. Les pompiers de la ville de Tchernobyl ont éteint quatre incendies, mais il y a encore des feux en cours. La caserne de pompiers locale n’a actuellement pas accès au réseau électrique, a indiqué le régulateur. En attendant, la station s’appuie sur des générateurs diesel pour s’alimenter, ce qui nécessite du carburant, a-t-il ajouté. Le site de la centrale nucléaire, où se trouvent les installations de gestion des déchets radioactifs, continue de disposer d’une alimentation électrique hors site.
La semaine dernière, l’organisme de réglementation a informé l’AIEA qu’il surveillait de près la situation dans la zone d’exclusion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, à l’approche de la « saison des feux » annuelle, au cours de laquelle des incendies spontanés se produisent souvent dans la zone, toujours contaminée par les matières radioactives de l’accident survenu il y a 36 ans, le mois prochain. Les forces russes ont pris le contrôle du site le 24 février.
Dans sa mise à jour d’aujourd’hui, elle indique que des « incendies » ont été enregistrés dans la zone d’exclusion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Dans la zone d’exclusion, l’organisme de réglementation a déclaré que les mesures de rayonnement ne sont pas effectuées actuellement. De légères augmentations des concentrations de césium dans l’air ont été détectées à Kiev et sur deux sites de centrales nucléaires à l’ouest de Tchernobyl, mais l’organisme de réglementation a déclaré à l’AIEA qu’elles ne posaient pas de problèmes radiologiques importants. L’AIEA poursuit ses contacts avec l’organisme de réglementation afin d’obtenir des informations supplémentaires sur la situation des incendies.
AIEA, point du 23 mars, traduction Deepl
Le communiqué public du SNRIU publié aujourd’hui est consacré à la situation de la « source neutron » de Kharkiv..
Mercredi 23/3, 22h30
Les parents d’Olga plantent de l’ail et des petits pois.
Mercredi 23/3, 20h00
Seule la Criirad relaye à son tour l’information selon laquelle un laboratoire d’analyse de Tchernobyl aurait été détruit par l’occupant russe. Ni le SNRIU ni l’AIEA n’en parle. L’information émane du DAZV, l’agence d’État ukrainienne pour la gestion de la zone d’exclusion de Tchernobyl, et a été publiée hier à 23h sur sa page Facebook.
On n’est pas plus avancé.
Dans sa note, la Criirad évoque également que des feux de forêts auraient été identifiés dans la Zone, grâce à des images de la Nasa.
Mercredi 23/3, 7h15
A Tchernobyl, un laboratoire aurait été détruit par l’armée russe. Les organismes de régulation n’ont pas encore communiqué à ce sujet.
Mardi 22/3, 22h30
Les sous-marins français sont en mode guerre froide.
Mardi 22/3, 21h30
Je me souviens que je devais partir en Ukraine en avril…
Dans un peine plus d’un mois, je serai dans l’avion.
Les Russes ont quitté les frontières ukrainiennes, après des mois de stationnement douteux, au motif de manœuvres militaires, seulement menaçantes. Les voilà rentrés chez eux. Immense pays. Que le Kremlin ait cessé de montrer les dents reste mystérieux pour ma mentalité, j’ai vraiment cru qu’ils allaient envahir l’Ukraine.
Le voyage de 2019 commence à dater. On devait y aller en famille en 2020 : pandémie. Puis en 2021 : pandémie. Cette fois, ça y est.
J’ai hâte de retrouver le calme un tantinet pernicieux des forêts de Poliské. D’entrer dans ce printemps, où les humains ne font plus de bruit.
Hum… dirait Jean.
A quoi s’attendre ? Je vais poser des mannequins de prise de son dans les bois et glisser des heures dans le timbre-poste d’une carte-mémoire. Des heures de nuit, d’entre-deux.
Un zumain chez les p’tites bêtes. Elles n’en voient pas trop souvent, ça doit leur faire des souvenirs de frissons.
J’utiliserai les cinquante mots que je connais comme si c’étaient les miens. Je n’aurai jamais l’impression d’un dialogue de pauvre, du moins jamais chez Super Valera.
Ssoupère Valèrra !
Il me fatiguera gentiment avec ses goûts mécaniques (Ssoupère Aodi !). Nous, on dit « Audi ».
On mangera de la soupe à 8h du mat ; il y aura ses potes, des Ukrainiens, des Georgiens (toujours pas compris ce qu’ils font là). Olga sera d’une précision exemplaire, redéroulera les phrases dans l’ordre, ajustera les nuances pour me les rendre intelligibles, les non-dits, les blagues.
Elle a accepté la proposition de Valérie d’interviewer elle-même les gens, de mener les entretiens. Vivre dans un accident.
Le nucléaire passe et repasse. Fukushima s’enfonce. Les mots-clés changent. Carbone. Les gens font des enfants. Les forêts poussent. Ca m’aurait vraiment fait mal aux dents que le Kremlin déboule là-haut avec ses gros sabots et du désordre pour vingt ans.
C’est ce qu’il faut dire à M. Poutine : tu crois que Valera roule dans une marque russe ?
Je m’en fous des bagnoles à pétrole, mais c’est vrai : on dirait qu’ils n’ont que des chars.
Enfin. Ca me tarde d’y être maintenant.
Pascal, notes, 22 mars 2022
Mardi 22/3, 18h00
Polémique autour des stocks français d’iode stable : le ministre de la santé déclare, pirouette cacahouète, que les chiffres sont « classifiés »…
Rappelons (encore une fois) que l’iode ne protège, en gros :
- que les enfants
- d’un risque de cancer de la thyroïde (lequel cancer s’opère bien si les hôpitaux fonctionnent)
- en cas d’accident nucléaire
L’iode stable ne protège pas contre les effets des autres produits de fission et ne sert plus à grand chose si le problème nucléaire est une bombe nucléaire.
Mais c’est vrai que c’est trop bien d’avoir deux cachetons à prendre quand tout part en couillettes.
C’est un peu vrai aussi que les masques sont devenus utiles quand on en a eu assez (expérience populaire récente).
La posologie varie en fonction de l’âge. Les groupes prioritaires, car les plus à risque, sont les enfants, les femmes enceintes (protection du fœtus) et celles qui allaitent (protection du nourrisson).
Criirad, comprimés d’iode stable
Les stocks nationaux sont distribués à la population sur ordre, si la dose estimée prévisible (débat d’experts dans l’urgence) est supérieure à 50 mSv. Rappelons que la dose annuelle non naturelle pour le citoyen lambda est fixée à 1 mSv. Si vous habitez près d’une centrale (20 km), vous avez déjà de l’iode dans un tiroir.
Et maintenant que nous habitons près d’une guerre, on se demande dans quel tiroir on aurait dû le mettre.
Les experts ont cogité qu’en cas d’accident sur une centrale ukrainienne, il faudrait, tout au plus, ranger les gens à l’abri dans un rayon de 100 km. Ben moi, je les crois.
Enfin, pas vraiment, mais j’ai de l’iode.
Mardi 22/3, 17h00
Donne Ecotest Gamma Sapiens, bon état, rodé à Tcherno, cause :
- n’est plus supporté sur iOS
- l’app Android est obsolète
Conclusion : ben, je dirais qu’il aurait mieux fait de ne pas être « intellectual » et que l’obsolescence informatique n’est pas compatible avec la sureté ; heureusement que les autres dosimètres sont autonomes.
S’adresser à la station si quelqu’un le veut.
Mardi 22/3, 12h30
Tsunami : ok (on est en hauteur)
Cyclone : nok (on n’a pas de cave)
Canicule : ok (on avait 16°C la dernière fois que la France fondait)
Autocrate inhumain : ok (on a l’élection présidentielle)
Je prépare la liste pour répondre au quizz de la mutuelle, un mail reçu ce matin.
Qu’est-ce que j’oublie ?
J’vais les appeler, ça sera plus sûr.
Lundi 21/3, 23h15
Nous avons déclaré pouvoir accueillir sur la plateforme du gouvernement.
Lundi 21/3, 21h00
Pour résumer :
- Olga et sa belle-sœur Irina sont arrivées en France le 8 mars ; Brice et Florian sont allés les chercher à la frontière slovaque
- Grâce à Brice elles sont posées dans un village des Ardennes, à la campagne ; Fidel essaye d’impressionner les chiens du cru
- Elles bénéficient des visites de Karine, psychologue belge, et de sa collègue Cécile, depuis leur arrivée ; c’était la seule demande d’Olga ; elles ont vu un médecin
- Elles disposent d’une grande maison confortable et sympa, équipée, cheminée, internet, sans contrainte de temps ; Danielle, la propriétaire, les a rencontrées et rassurées ; Nadège et Brice ne sont pas loin ; les voisins offrent du bois et des glucides
- Pacha et Kola, les maris vont bien ; les Russes ne bombardent pas leur position respective ; les parents vont bien ; les téléphones fonctionnent
- Leur déclaration en préfecture au titre du dispositif d’accueil des réfugiés ukrainiens est en cours ; cette démarche leur permettra de bénéficier d’un allongement de leur droit de séjour, d’une couverture médicale, d’un pécule ; le permis de conduire d’Irina est valable un an en France sans formalité
- Arnaud termine de leur ouvrir chacune un compte bancaire, au Crédit Agricole, parce que c’était simple avec Stéphane
- La collecte organisée pour faciliter leur arrivée atteint 4 937 euros ; une partie de cette somme va rembourser les frais de voyage et de séjour qui restent dus, le solde leur sera remis ; Irina a un peu de Grivnias que l’on ne sait pas où changer ; merci à toutes et à tous, à Laurent qui a bien amorcé et à Trégor Sonore pour l’intendance
- Les diplômes d’Olga (« philologue et professeur de français et d’anglais ») et d’Irina (« économiste spécialiste du marketing ») sont légalement traduits
- Olga et Irina ont bien dormi cette nuit, sans cauchemar, sans prendre les cachets
- L’appartement d’Olga est encore debout, dans une zone de combat
Pour la suite :
- Morgan a donné un premier concert chez l’habitant, grâce à Julien, et collecté près de 2 000 euros ; d’autres sont programmés
- Cet argent est destiné à aider, après guerre, nos amis de la région de Poliské (sud-ouest de Tchernobyl) ; pour l’instant ils ne sont plus connectés, leur situation nous est inconnue, sous occupation russe
- Les artistes que Morgan a contacté ont répondu présents pour une série de concerts et de manifestations de soutien, dont des ventes d’œuvres ; l’opération va s’échelonner dans le temps
- Une association est en cours de création ; un brouillon de statuts sera mis en débat, sous peu
Lundi 21/3, 15h15
Plyve katcha, Morgan Siian, Erwan Tassel (enregisté sur un téléphone), 20 mars, La Grande Ourse
Lundi 21/3, 13h00
Nous sommes sans nouvelle documentée des rumeurs de feux de forêt en zone contaminée (évoquées par Livemap et Les Enfants de Tchernobyl, reprenant une info de Chernobyl Tour, une entité commerciale qui organise des séjours dans la Zone). Les fils d’actualité que nous suivons n’en parlent pas. Les cartes dosimétriques ne montrent pas d’activité anormale dans le secteur de Tchernobyl ni sous les vents.
L’AIEA, dans son point du 20 mars, relaie qu’une partie du personnel technique du site de Tchernobyl, en poste depuis le début de l’invasion russe, a pu bénéficier d’un remplacement. Il n’est pas fait état de l’arrivée de techniciens russes, comme pour la centrale de Zaporijia où, par ailleurs, la production d’électricité a augmenté.
Les deux unités en service de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya ont progressivement augmenté leur production d’électricité pour atteindre les deux tiers de leur capacité maximale d’environ 1 000 mégawatts électriques (MWe) chacune, après la réparation, la semaine dernière, de deux lignes électriques, l’une externe et l’autre sur site, a indiqué le régulateur.
En ce qui concerne l’état des quatre centrales nucléaires opérationnelles de l’Ukraine, le régulateur ukrainien a déclaré que huit des 15 réacteurs du pays étaient toujours en service, dont les deux de la centrale de Zaporizhzhya, trois de Rivne, un de Khmelnytskyy et deux d’Ukraine du Sud. Les niveaux de radiation dans toutes les centrales nucléaires se situent dans la fourchette normale et les systèmes de sécurité fonctionnent, a indiqué le ministère.
AIEA, point du 20 mars, traduction Deepl
Les infos de base sur les centrales ukrainiennes :
- Khmelnitski, 50° 18′ 11″ N, 26° 38′ 49″ E
- Rivné, 51° 19′ 39″ N, 25° 53′ 32″ E
- Ukraine du Sud, 47° 48′ 36″ N, 31° 13′ 23″ E (centrale de Konstantinovka)
- Zaporijia, 47° 30′ 41″ N, 34° 35′ 11″ E
- Tchernobyl, 51° 16′ 35″ N, 30° 13′ 00″ E
Dimanche 20/3, 23h50
Les Français ont désormais une assez bonne connaissance de la géographie ukrainienne. Avant la guerre, pour situer Tchernobyl, il fallait dézoomer et revoir tout le puzzle européen ; aujourd’hui, même Ivankiv est d’une certaine notoriété publique. Un point de plus pour le rapprochement entre les peuples.
Pacha démonte et remonte sa kalachnikov.
C’est dimanche. Les Ukrainiens sont optimistes aujourd’hui ; une source mystérieuse nous informe que la maîtresse de Poutine va le rejoindre dans sa cave pour qu’ils se suicident ensemble.
C’est un peu extrême. J’aimerais mieux qu’il attrape une maladie qui rende gentil.
Maya
Morgan chantait ce soir Plyve katcha, l’hymne de Maidan, avec Siian et Erwan Tassel, à la Grande Ourse.
Dimanche 20/3, 13h45
Une analyse de la situation militaire (en anglais), relayée par le Monde ce matin.
Dimanche 20/3, 13h00
Les parents d’Olga préparent les semis, pour préserver une certaine routine. Des voisins, qui ont du cochon, le vende sans augmenter les prix.
Dimanche 20/3, 2h00
Les paramètres de la situation radiologique sur le site de la centrale nucléaire de Chornobyl (sur la base des résultats de mesure disponibles) ne dépassent pas leurs niveaux de référence.
En l’absence de relevés du système de surveillance de la situation radiologique RADOS, les données sont obtenues par des mesures effectuées par le personnel opérationnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl à l’aide d’appareils portables aux emplacements du capteur de débit de dose d’exposition RADOS. Certains points de surveillance ne sont pas disponibles pour des mesures par des appareils portables.
SNRIU, Chornobyl NPP facilities, current situation (March 19, 2022), traduction Deepl
Dimanche 20/3, 1h15
Recherche de vol pour le séjour en Ukraine, du 25 avril au 16 mai 2022.
Je pars cette fois avec la sociologue Valérie Arnhold, qui veut démarrer une étude de terrain auprès des habitants du bord de zone ; Olga mènerait elle-même les interviews (pour éviter les latences de la traduction). Le travail de thèse de Valérie porte sur la gestion des accidents : Normaliser l’apocalypse : organisations et recompositions du secteur nucléaire face aux accidents
Cathy pourrait être de la partie (on attend) : elle voudrait retrouver Nadia, la vieille de Zvizdal. On s’était retrouvé là-bas pour l’enterrement de son mari, Pétro, en 2014, Valera, Cathy et les Belges de la compagnie Berlin.
Pablo a très envie de venir aussi (avec ses micros, pour aller vers les gens). Brendan également (régie), Mathieu (pour une semaine), Yannick pour poser des caméras (ça dépendra de son taf).
Moi, je veux simplement retourner en forêt. Chez moi j’allais dire. Avec les mannequins de prise de son et y passer des nuits. Écouter les animaux.
Et revoir Valera, Louda et les gamines. Mais Olga a appris que Louda était partie. Elle a fait sa valise, elle est partie à Kiev.
Pascal, notes, 19 novembre 2021
Samedi 19/3, 17h45
L’association Les Enfants de Tchernobyl a la confirmation que la cheffe du district d’Ivankiv, Tatiana Svyridenko, est aux mains des Russes (« kidnappée »).
Nous l’avions longuement rencontrée en 2019 avec Olga et Jean Gaumy.
Nous lui envoyons nos pensées, à défaut de quoi que ce soit d’autre. Force et courage.
Maya : y a une mauvaise nouvelle ?
Pascal : celle-là ne te concerne pas vraiment
Maya : tout nous concerne en ce moment, non ?
Samedi 19/3, 14h45
En 2009, dans un tout autre contexte politique, Olga répondait à quelques question : « Olga, si tu étais présidente de l’Ukraine… ? »
Olga, présidente (épisode 1)
Olga, conservatrice ? (épisode 2)
Olga, elle-même (épisode 3)
Samedi 19/3, 14h30
Un point sur les effets des rayonnements.
Les rayonnements alpha, bêta, gamma, X et à neutrons n’ont pas les mêmes niveaux d’énergie, ni les mêmes capacités de pénétration des matériaux.
Vendredi 18/3, 23h30
La Belgique annonce reculer de dix ans sa sortie du nucléaire.
Maya détaille le contenu de son sac de survie à sa copine Adèle.
Olga et Irina ont planté des arbres et chanté toutes les chansons qui parlent des arbres.
Pacha a pu prendre une douche et laver ses affaires.
Tola n’est toujours pas connecté sur Viber.
Vendredi 18/3, 8h30
Le lexique franco-ukrainien de Tchernobserv est disponible.
Jeudi 17/3, 19h00
Nos amies sont en sécurité et commencent à respirer. Les maris, les parents sont saufs, disposent de nourriture, d’un abri (les téléphones marchent), la solidarité est forte et spontanée.
Nous respirons mieux. Un peu l’impression de sortir de la crise. On est entré dans l’organisation de l’après, d’un après, quoique dans une temporalité inconnue.
La guerre continue, mais nous avons focalisé sur le sort de deux personnes, qui incarnaient la guerre, en détaillaient la réalité.
Pour Olga et Irina, qui ne sont plus directement exposées, la guerre a changé de phase : attente, inquiétude, dépendances (aux nouvelles, à la solidarité), flou de perspectives (s’autoriser à aller mieux ? quel pays ensuite ? ma maison est-elle encore debout, pillée ? untel est-il vivant ?). L’exposition est indirecte. Le corps est à l’abri, la tête reste aux abois, hors sol.
Il y aura un décrochage entre celles et ceux qui l’auront vécu depuis le bord et celles et ceux qui seront restés. Mais je suis sûr que le retour de ces forces vives sera profitable à l’Ukraine, le temps venu.
Une réunion de mairie doit statuer sur l’habitabilité d’un logement de fonction dans l’ancienne école et décider s’il peut être rendu disponible pour accueillir des réfugiés.
Laure raconte que dans une commune voisine une poignée de bénévoles a retapé un logement, vite fait bien fait. Elle se souvient aussi de l’accueil réservé aux Syriens.
Ah, c’est pas la même limonade !
Maya (expression préférée du moment)
Le réseau électrique ukrainien a été raccordé et synchronisé au réseau européen ; cette mesure est destinée à repousser la perspective d’un défaut de production.
Le réseau ukrainien était raccordé au réseau russe jusqu’à la guerre.
Il est aussi question, pour l’Europe, de soutenir la monnaie ukrainienne.
Les petits réfugiés vont se scolariser, plus ou moins.
Les forces ukrainiennes utilisent des armes occidentales.
On voit bien que M. Poutine pousse l’Ukraine dans l’Europe.
C’est bizarre. N’est-ce pas précisément ce qu’il craignait ?
P*t**n de Pout*ne…
Maya (expression étoilée du moment)
Jeudi 17/3, 11h30
Pacha a reçu sa tenue militaire. Pas son équipement encore, mais il dit de ne pas s’inquiéter, qu’il n’a besoin de rien pour l’instant. Il remercie les Belges pour le sac de couchage (ils comprendront). Il devrait rester du côté de Lviv un moment. Ces bonnes nouvelles réjouissent Olga, qui a une bonne voix ce matin, et plus d’énergie, dit-elle. Irina est allée courir. Elles vont planter des arbres avec Brice aujourd’hui.
Nous commençons les démarches administratives auprès de la préfecture et envisageons l’obtention d’un équivalent européen pour le diplôme en langue d’Olga et celui d’Irina en marketing (en Ukraine, elle a la responsabilité d’une boutique d’optique).
Morgane a donné un premier concert de soutien mardi soir à notre retour : moment fort et remarquable générosité du public. La création d’une association est en route. Nous y reviendrons.
Pas de nouvelles du nord de l’Ukraine.
Pas de nouveauté du côté des centrales nucléaires, dont les conditions de supervision restent anormales sur le plan humain.
[Tchernobyl] Actuellement, il est impossible d’exercer un contrôle réglementaire sur l’état de la sécurité nucléaire et radiologique sur le site de la centrale nucléaire de Chornobyl et dans la zone d’exclusion, ainsi qu’un contrôle sur les matières nucléaires de l’entreprise.
Compte tenu de la fatigue psychologique, morale et physique du personnel, ainsi que de l’absence de personnel de jour et de réparation, les activités de maintenance et de réparation des équipements importants pour la sécurité des installations du site de la centrale nucléaire de Chornobyl ne sont pas réalisées, ce qui peut entraîner une réduction de leur fiabilité, laquelle peut à son tour entraîner des défaillances des équipements, des urgences et des accidents.
SNRIU, point du 16/03, 15h05, traduction Deepl
[Zaporijia] Nous soulignons que l’Ukraine n’a fait aucune demande de soutien consultatif, technique ou autre auprès de la Fédération de Russie. La présence de représentants de Rosatom sur le territoire de la centrale nucléaire de Zaporizhia est illégale et n’est en aucun cas liée à l’assurance de la sécurité nucléaire et radiologique. La centrale nucléaire de Zaporizhzhia est dotée d’un personnel hautement qualifié pour assurer la sécurité de son fonctionnement en utilisant ses propres ressources. Au contraire, la présence incontrôlée de personnes extérieures, y compris d’experts nucléaires, sur le site de la ZNPP constitue une menace directe pour la sécurité de l’installation, du personnel, du public et de l’environnement.
SNRIU, point du 16/03, 15h00, traduction Deepl
Mercredi 16/3, 17h00
Pacha est encore dans la région de Lviv, en sécurité.
Mercredi 16/3, 11h30
L’alimentation électrique de Tchernobyl serait à nouveau assurée, depuis la Biélorussie (Le Monde).
Mercredi 16/3, 8h30
Des travaux sont en cours autour de Tchernobyl pour rétablir l’alimentation électrique. La ligne a été réparée dimanche soir et à nouveau endommagée. Le site serait donc encore dépendants des générateurs diesel. Les autorités de régulation alertent sur l’état de fatigue avancée des équipes (autre pilier de la sécurité nucléaire), qui ne sont pas remplacées depuis trois semaines.
La presse (Le Point, Sud-Ouest) s’intéresse à la disponibilité d’iode stable en France. La protection civile en cas d’attaque nucléaire est évoquée sur France Info. Le dossier de la Criirad sur l’iode est ici.
Marianivka a été occupée dès le premier jour. Les occupants pillaient les magasins et les maisons, ils s’étaient installés dans les maisons des habitants locaux.
Narodychi : contact régulier ; le village n’est pas occupé ; c’était la scierie et une grange qui ont été touchées par les missiles ; il y a eu d’autres dégâts aux alentours du village, par exemple le territoire du service des forêts a été touché par des missiles qui ont provoqué un incendie, deux véhicules détruits, deux policiers ont été tués, deux blessés. Il y a toujours des sons d’explosions quelque part.
Oksana, contact de l’association Les Enfants de Tchernobyl, citée sur Facebook
Mardi 15/3, 21h30
De retour des Ardennes. Carburant entre 1,89 et 2,28 le litre.
L’appartement d’Olga et Pacha existait toujours, hier à 13h, selon un voisin (qui reste, se planque et donne des nouvelles du quartier). Les maisons individuelles alentours sont détruites. Ça change tous les jours, dit Olga.
Pacha ne sait pas encore où il est affecté, mais il faudra peut-être contribuer à son équipement de protection. Il ne sait pas comment il sera doté. Des collectes familiales sont organisées pour acheter des casques ou des gilets pare-balles.
La cagnotte pour Olga et Irina (quasi 5 000 euros aux dernières nouvelles) n’a pas été organisée pour ça, mais s’il fallait réagir et en affecter une partie à Pacha, nous demanderions aux contributeurs leur avis. Pour l’instant, nous ne connaissons pas les prix.
On est allé faire une demi-heure de shopping, pour des vestes moins chaudes et des chaussures légères, des baskets pour Irina, qu’elle puisse courir.
Olga a repris contact avec certaines de ses amies, dispersées en Europe. Parmi les sentiments, la culpabilité de ne pas vivre cette expérience de l’intérieur des frontières. Il me semble que ces trois millions de réfugiées, femmes et enfants, sont venus mettre l’Ukraine à l’abri, du moins quelque chose d’essentiel. Nous étions bien en famille chez Nadège et Brice, hier.
Olga vous remercie pour les élans, les bisous, les souhaits, les dons, les prières. Elle a vos prénoms en tête, elle enverra un mot.
Pour le temporel, la consigne est simple : retourner en Ukraine quand les actions militaires auront cessé.
Je suis plus calme. Je suis comme l’eau sous le vent.
Olga (au téléphone à l’instant)
Mardi 15/3, 9h00
Après la grosse séance d’hier avec Karine (la psy) et sa collègue Cécile, Olga et Irina voient bien le bénéfice de poursuivre avec elles ; les exercices leur donnent des outils. Un nouveau rendez-vous est pris pour vendredi ou samedi. Nos amies restent dans les Ardennes. C’est ce qui nous semblait le mieux. Nous repartons tout à l’heure.
Pacha doit rejoindre un poste frontière aujourd’hui ; Olga ne sait pas encore lequel.
En route.
Lundi 14/3, 8h00
Après discussion, samedi matin, avec la psy, et son feu vert en quelque sorte, on a filé vers les Ardennes. Nous avons retrouvé Olga hier soir et rencontré Irina. Et, bon sang, chacun a dû faire un peu comme si c’était seulement familier d’être là, ensemble, nous avec nos poignées de mots ukrainiens (ou russes, va falloir trier), Olga traduisant pour Irina (Olga traduisant, comme toujours), Irina s’essayant au français avec un certain appétit. Toutes les gamberges de ces derniers jours se poussent un peu, laissent la table aux amis. Maya, qui appréhendait pas mal d’entrer dans cette réalité, respire.
Les maris (Pacha, Kola) ne vont pas mal. Pacha aurait dû se trouver sur la base militaire de Yaroviv, à côté de Lviv, bombardée dans la nuit de samedi à dimanche, mais un examen médical, préalable à son incorporation, l’en a éloigné.
Olga raconte qu’un couple d’Ivankiv a pu quitter la région par la Biélorussie, avec un drapeau blanc sur la voiture et en serrant les fesses.
Dimanche 13/3
Sur la route…
Samedi 12/3, 22h00
Les comprimés d’iode peuvent être achetés en pharmacie (environ 7 € la boite de 10 comprimés). Dans un courrier de janvier 2021 qui répondait à une question précise sur cette question, la présidente du Conseil de l’Ordre des pharmaciens l’indique très clairement : au-delà du rayon de 20 km, « il est toujours possible de se procurer des comprimés d’iodure de potassium auprès d’une pharmacie d’officine, puisque ce médicament ne nécessite pas d’ordonnance, et ce à titre onéreux ».
Voici quelques exemples de réponses, assez consternantes, apportées par certains pharmaciens aux citoyens qui tentaient de se procurer des comprimés :
– On n’a pas le droit d’en vendre- Il faut une ordonnance de votre médecin- Nous avons interdiction de vendre tout produit à base d’iode.
Certaines officines ont proposé des produits qui contiennent de l’iode stable (teinture d’iode, solution de Lugol, Bétadine, …). En cas de nécessité, ces produits constituent effectivement des alternatives mais ne sont pas accompagnés, comme les boîtes de comprimés d’iode stable, d’une notice précisant la posologie en fonction de l’âge ainsi que les effets secondaires et contre-indications. Les comprimés d’iodure de potassium sont par ailleurs sécables afin de faciliter le dosage pour les jeunes enfants.
Criirad : Accès aux comprimés d’iode stable – Mise au point (dont on recommande la lecture puisque le seuil de dose qui déclenche la distribution d’iode stable en France, ainsi que les modalités de cette distribution posent problème). Quand aux conditions qui président à la dispersion d’iode radioactif, elles obéissent à des lubies qui me dépassent.
Samedi 12/3, 21h45
Mini journal de guerre, rapport de détails (« nous y sommes, vous y êtes… »)
Maya est allée au carnaval, dans le bled d’à côté. Dans le char du dragon, qui allait trop vite à son goût, elle a tendu la jambe pour freiner, son pied s’est retourné. Le char a fini par s’arrêter (parce qu’elle a braillé), mais elle boite.
Moralité : on n’arrête pas les chars avec ses p’tites extrémités.
Comme lui on fait remarquer qu’elle ne se blesse quasi jamais…
Est-ce que…
Est-ce qu’il lui semble que l’ambiance la travaille ?
Silence.
Avec un air de pov’ bête, elle lâche :
J’ai envie que la vie revienne comme avant.
Maya (11 ans)
On est comme des glands. En plus, on doit lui dire que ses super parents…
Ben, tu sais, sur ce coup-là, on va faire de not’ mieux…
Les parents
Donc voilà : pas de bombe ici bien sûr, mais mettons bien ce coup de frein d’une gamine pleine de niaque sur la note, s’il vous plait.
Parce que le coup de payer le pétrole plus cher, ok, on comprend (pourvu qu’il en reste, hein), mais si ça commence à couper aux gosses l’envie d’avancer, ça veut dire ce que ça veut dire, non ?
Quant à mettre l’ambiance dans une boite étanche… confinement, confinement…
Samedi 12/3, 20h30
Chère Olga. Difficile de donner ici le détail de ce que vous vivez avec Irina, de la perte du temps, de la peur des bruits.
Brice vous a mis les mains dans la terre, vous a proposé de rempoter des semis.
Le cerveau, ces jours-ci, est une pieuvre : un pseudopode dans les Ardennes, un pseudopode ici, dans la maison (pseudo normale), Morgane, Maya, Iris, un autre dans le boulot, un pseudopode là-bas, chez Valera (a-t-il retrouvé sa fille ainée ?), un pseudopode dans la presse, à renifler quel avenir file en tête, un pseudopode à Irpin (la ville d’Olga), un pseudopode avec Tola, avec Pacha, un dernier visite le souvenir de chaque bout de cuisine où nous avons posé nos fesses là-bas (patates, poissons, vodka), mais les images datent d’avant-guerre.
Rassemblement des pseudopodes. Alors ?
L’élection présidentielle française a l’air claire et nette, sur des roulettes. A part ça… plutôt merdok. La merde, quoi.
Mais bon, on a des bottes.
Ah si : les Finlandais viennent de démarrer leur EPR — 12 ans de retard. Et si vous voulez notre avis, on se dit qu’ils auraient pu attendre encore quinze jours, trois semaines : avec un réacteur actif, ils sont un peu plus vulnérables.
Le porte-parole des pseudopodes
Samedi 12/3, 15h30
Liveuamap déclare un incendie de forêt dans l’ouest de la zone d’exclusion de Tchernobyl.
Nous l’identifions à hauteur de Bober et pensons qu’il s’agit plutôt d’un brulis de prairie comme on en voit tous les printemps (même si celui-ci a pu être déclenché par les combats). Sur l’image publiée, la forêt ne semble pas encore atteinte. Cette zone forestière est effectivement contaminée.
L’ONG italienne Mondi in Cammino, active dans la région d’Ivankiv, relaye un peu d’info sur la région sur sa page Facebook.
Pas de nouvelles du secteur de Krasyatychi.
Samedi 12/3, 10h00
En ce qui concerne la situation des centrales nucléaires ukrainiennes en service, l’organisme de réglementation a indiqué que huit des 15 réacteurs du pays restaient en exploitation, dont deux à la centrale de Zaporizhzhia, trois à Rivne, un à Khmelnytskyï et deux dans la centrale d’Ukraine du Sud. Les intensités de rayonnement sur les quatre sites étaient normales, a indiqué l’organisme de réglementation.
La situation relative à l’alimentation électrique du site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia n’a pas changé par rapport à ce qui a été indiqué dans les mises à jour récentes. La centrale dispose de quatre lignes électriques hors site à haute tension (750 kV) et d’une ligne supplémentaire en réserve. Deux des quatre lignes ont été endommagées. L’organisme de réglementation a informé l’AIEA que les besoins en électricité hors site de la centrale pouvaient être satisfaits avec une seule ligne électrique. De plus, des groupes électrogènes diesel sont prêts et fonctionnels pour fournir une alimentation électrique de secours.
Samedi 12/3, 0h30
Ami lecteur, arrivé par hasard sur ce fil, ne t’agace pas du mélange des genres qui se pratique ici. Radio-Tchernobyl est documentaro-foutraque, il faut le savoir.
Chère Olga,
Nous avons échangé autant que possible depuis le matin de l’invasion. De la veille où tu disais « Pascal, ne t’affole pas » à l’envoi d’une photo de vos passeports quelque part en Slovaquie ou en Allemagne. Votre départ d’Irpin, à temps, votre refuge sous Jytomyr, la décision de rester, celle de partir au matin d’une nuit d’épouvante. La consigne est d’être patient. Nous parlerons plus tard, à nouveau.
Mais dans ces jours intenses, à la veille peut-être déjà de la fin des mots, les petites choses passent à toute vitesse. Tu en trouveras certaines ici, dans cette sorte d’échantillonnage sans protocole qui confine au journal, à la collection de tessons, au relevé d’anxiométrie. Quand tu voudras, quand il sera possible de regarder en arrière, sans pleurer de rage, et de regarder devant sans frémir.
Vendredi 11/03, 20h00
Irina allait plutôt bien hier soir, mais ce matin les nouvelles de chez elle n’étaient pas terribles. Olga demande à s’occuper les mains. Morgane lui envoie de la laine et un crochet, un truc qu’elle lui a montré il y a deux ou trois ans. Et du caramel au beurre salé, un psychotrope produit par ici qui fait trembler les glandes gustatives à une fréquence intéressante.
La cagnotte réunit 4 500 euros ; ça va aider.
Si elles ne viennent pas tout de suite, on va peut-être se déclarer prêts à recevoir d’autres réfugiés. La France a mis en place une plateforme et il y a une association dans notre secteur.
Pas de nouvelles de la situation électrique à Tchernobyl. L’AIEA déclare que le refroidissement est assuré jusqu’à épuisement du gasoil des groupes de secours, mais qu’ensuite, il ne se passera rien de grave parce que la température serait assez faible dans les piscines. Aucun réacteur n’a de cœur actif sur ce site.
Les réacteurs 1, 2 et 3 du site de Tchernobyl ont été arrêtés depuis plus de 20 ans. L’ensemble des assemblages combustibles de ces réacteurs du site a été transféré dans l’installation d’entreposage du site. Il n’existe donc pas de risque de rejets en provenance de ces installations qui ne sont pas secourues par des diesels.
Le réacteur n°4, accidenté en 1986, a d’abord été recouvert dans l’urgence par un sarcophage provisoire. Les incertitudes sur la tenue structurelle de ce sarcophage ont conduit à construire une arche de confinement achevée en 2017 (structure de 250 m de large et 160 m de long, pour une hauteur de 100 m). Le sarcophage provisoire est en cours de démantèlement. Le système de ventilation de l’arche est secouru par deux groupes électrogènes dédiés. En cas de perte totale des alimentations électriques, le confinement de l’installation reposerait sur le confinement statique de l’ouvrage. Les opérations de démantèlement du sarcophage du réacteur accidenté ont vraisemblablement été suspendues du fait du conflit, ce confinement devrait donc être suffisant pour éviter des rejets dans l’environnement.
Ni l’AIEA, ni l’IRSN n’ont publié de mise à jour depuis hier pour les autres sites nucléaires ukrainiens.
Vendredi 11/03, 14h00
Vive le printemps !
Vendredi 11/03, 7h47
Bon anniversaire, Fukushima.
Olga et Irina sont à l’abri.
L’AIEA discute avec les belligérants pour sécuriser les centrales : après le couloir humanitaire, des couloirs nucléaires ?
Les pires hypothèses gagnent du terrain… d’abord dans la tête, leur milieu de culture. L’une d’elles me réveille à 5h du matin. Je la repousse dans son néant (hop, au recyclage), mais plus moyen de dormir.
L’Europe baigne dans cette zone grise qui n’est pas encore la guerre, mais qui n’est plus la paix.
Sylvie Kauffmann, Le Monde
Ok.
Un mail arrive avec une proposition de discussion publique autour de livres que je ne connais pas. Le second m’interpelle : « Contre la résilience« .
[…] À la fois idéologie de l’adaptation et technologie du consentement à la réalité existante, aussi désastreuse soit-elle, la résilience constitue l’une des nombreuses impostures solutionnistes de notre époque.
[…] Elle prétend faire de la perte une voie vers de nouvelles formes de vie insufflées par la raison catastrophique. Elle relève d’un mode de gouvernement par la peur de la peur, exhortant à faire du malheur un mérite.
Réunion de travail hier avec des étudiants autour de la rénovation de notre petite gare locale. Des années d’efforts, de conviction, des dizaines de milliers d’euros pour, entre autres, que la couleur du crépi soit raccord. L’image des immeubles ukrainiens ravagés d’un claquement de doigts étale sur la façade une surcouche d’absurdité parfaite.
On dirait que les hypothèses qui poussent sur le cerveau du citoyen Poutine, et le réveillent peut-être à 5 heures du matin, bénéficient d’une sorte de porte vers la réalité.
C’est pas Dieu possible d’laisser s’incarner des saloperies pareilles !
La mère Michelle
Tonton Ménard a des remords. C’est mieux qu’un coup de pied dans le cul.
Il pleut. L’enfant dort.
Je tire la chasse sur mes hypothèses (genre goudron de première qualité) et me remets au travail.
Jeudi 10/03, 19h00
La consultation psy s’est bien passée pour nos amies, la thérapeute est très bien selon Brice. Au programme : gros repos à la campagne et petits exercices pour la tête et le souffle.
On les laisse tranquilles pour l’instant. Nous attendrons avant de les serrer dans nos bras. On a pas mal hésité, mais elles ont vraiment besoin de se retaper. Toutes les interactions de base ne passent pas. Elles sont au bon endroit (à défaut d’être chez elles), on ne s’inquiète pas.
Jeudi 10/03, 9h30
Du nucléaire civil en temps de guerre.
Le 4 mars, le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a rappelé les sept piliers indispensables de la sûreté et de la sécurité nucléaires :
- L’intégrité physique des installations – réacteurs, piscines de combustible et entrepôts de déchets radioactifs – doit être maintenue ;
- Tous les systèmes et équipements de sûreté et de sécurité doivent être pleinement fonctionnels à tout moment ;
- Le personnel d’exploitation doit pouvoir s’acquitter de ses tâches liées à la sûreté et à la sécurité, et pouvoir prendre des décisions sans pression indue ;
- Il doit y avoir une alimentation électrique hors site sécurisée à partir du réseau pour tous les sites nucléaires ;
- Il doit y avoir des chaînes logistiques d’approvisionnement et des transports ininterrompus vers les sites et depuis ceux-ci ;
- Il doit y avoir des systèmes efficaces de contrôle radiologique sur les sites et hors de ceux-ci ainsi que des mesures de préparation et de conduite des interventions d’urgence ;
- et Il doit y avoir des communications fiables avec l’organisme de réglementation et d’autres personnes.
En tant que père de famille, il me paraît donc évident que la décision d’implanter des centrales nucléaires doit répondre sans ambiguïté à cette question préliminaire :
Durant tout le temps de fonctionnement de la centrale (40, 50 ans), que je projette de construire ici ou là, puis-je garantir que des actions de guerre ne s’en mêleront pas ?
Mais j’imagine que les candidat.es à l’élection présidentielle française ont les mêmes préoccupations que moi.
Si l’industrie nucléaire n’est pas compatible avec la guerre, on pourra aussi, comme le suggère M. Grossi, empêcher les conflits armés :
[L’incendie, qui a été éteint, n’a provoqué aucun rejet de radioactivité de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia] Nous ne pouvons pas compter que cette bonne fortune continuera. Il est grand temps d’empêcher qu’un conflit armé ne mette en grand danger les installations nucléaires et potentiellement la sécurité des personnes et de l’environnement en Ukraine et ailleurs.
Mercredi 9/03, 23h45
Olga (à Morgane par téléphone) :
Il y a des histoires, je vais te raconter. Quatre chars entrent dans un village ukrainien ; les villageois se planquent. Les chars n’ont plus trop de carburant ; les Russes se concertent : on va prendre de l’essence sur deux chars pour que les deux autres aillent en chercher.
Dans le village, il ne reste que deux chars. Les Ukrainiens pointent le bout du nez. Pas tranquilles, les Russes préfèrent se mettre à l’abri dans la forêt ; ils abandonnent les chars. Les villageois plantent un drapeau ukrainien sur les chars vides.
Les deux autres chars reviennent, identifient des chars ukrainiens, les détruisent. Ils comprennent leur erreur et, piteux, s’en vont voir ailleurs. L’un par un pont qui ne supporte pas son poids (les villageois ont enlevé la pancarte) et le pont s’écroule ; l’autre par la forêt, mais c’est le dégel et il s’embourbe.
Quatre chars russes en moins. Avec quelles armes ? Deux drapeaux.
Mercredi 9/03, 15h00
De notre envoyé spécial dans les Ardennes, Brice :
Au premier matin de leur premier jour dans la campagne Ardennaise, il fait beau.
Cette nuit, Irina a fait la rencontre sonore d’un loir qui, sorti de son hibernation, grattait joyeusement dans les combles. Elle a tenté d’alerter Olga et Fidèle de la présence du mammifère au-dessus de leurs têtes. Fidèle en bon chien de chasse n’a pas moufté et Olga n’a fait que bougonner.
Depuis hier, je nous sais écoutés par une antenne de Radio Tchernobyl, alors j’essaye de mettre de la vodka-piment dans le récit du mini journal de guerre. Mais la nuit a été calme…
A 7h00 du matin Olga est sortie promener Fidèle, ils ont été complètement transportés par la féérie de blanc nappée de brume qui se déployait sur les magnifiques paysages Ardennais baignés de soleil. Elle a sûrement a cette occasion compris pourquoi Rimbaud, Verlaine et Daumal avait écrit par ici leurs plus beaux vers. (une tite pub gratos sur une radio à grande écoute, ce serait quand même con de s’en priver). Elles ont profité gentiment de leur matinée au calme.
Olga a fait la connaissance de son voisin, Eric, maire du village, et de deux gendarmes. Elle est ravie d’avoir enfin pu montrer son passeport Ukrainien, Schengen ne lui ayant pas permis depuis la Slovaquie. Du coup les gendarmes ont fait une photo des passeports. Sûrement pour lui faire plaisir, ou pour la DGSI, ou pour s’occuper. Pas d’inquiétude, elles sont officiellement touristes en Europe pendant 90 jours. Et passer du temps avec Olga sans un contrôle de passeport inopiné, ce serait quand même bizarre. Les réflexes sécuritaires sont les mêmes partout sur la mappemonde…. Elles ont bien mangé, Irina a fait le ménage.
Pacha a été mobilisé hier, il part en bus cet après-midi pour une station militaire près de Lviv où une petite mise à jour au maniement des armes l’attend. Puis il sera sûrement employé comme chauffeur. Il dit de ne pas s’inquiéter, ça ne fonctionne pas vraiment. Le mari d’Irina (frère d’Olga pour ceux qui ne suivent pas) n’a pas été réveillé par l’alarme cette nuit. Il ne se passe toujours rien là bas. Les gens commencent à ne plus faire attention.
A l’heure ou Jack London écrit ces lignes, les filles partaient tenter pour la seconde fois d’atteindre la forêt. Fidèle, le téméraire caporal, ayant la première fois été inquiété à l’entrée du chemin par une menace fantôme.
Les visages sont un peu apaisés aujourd’hui. Nous partons pour les consultations avec la médecin Russe dans 1h00.
Budmo ! Hey !
Mardi 8/03, 1h45
Olga et Irina sont posées. Merci Brice, Florian, pour la route, la maison à l’arrivée, les rendez-vous médicaux. La classe.
Olga a eu des nouvelles de Pacha ce soir. C’était l’inquiétude d’aujourd’hui.
Morgane :
Au temps de la dernière guerre (la dernière pour nous), les gens s’envoyaient des lettres, ça ne les empêchait pas de gamberger, mais ils savaient qu’ils n’auraient pas de réponse avant longtemps.
Olga (sms) :
On est là. On rit, on pleure, on mange…
Elles voient une médecin russophone demain après-midi et la psy jeudi. On verra comme elles seront. On pourrait les rejoindre en fin de semaine. Avec la petite, sans la petite… 11 ans. On peut la laisser chez Virginie. Elle sera contente de jouer avec Adèle. Ça lui changera les idées. La guerre de Poutine commence à lui taper sur le système, on en parle toute la journée. Et du périple de Tata Olga, et de tous les détails. Elle comprend, elle a la patate, mais bon, ça serait pas mal qu’elle joue avec Adèle. En même temps, vu la vitesse atteinte par les choses qui partent en couilles ces temps-ci, on n’a pas vraiment envie d’avoir sa petite dernière à un plein d’essence de soi.
On s’est demandé, Brice le premier, pourquoi les Russes n’avaient pas cherché à détruire très vite les réseaux de communication. Pour récupérer de l’information ? Attendre la panique et maximiser l’effet ? Pas les moyens ?
C’est incroyable de dire « les Russes » pour désigner l’agresseur, comme au bon vieux temps du siècle dernier, d’avant l’Islam en guerre, quand les choses étaient bipolaires et bien claires.
Je retourne à la carte.
En fait, le dosimètre de Kiev n’a pas fourni de données depuis le 17 février. Et celui de l’hôtel Severynivka depuis le 5. En plus, celui de l’hôtel s’appelle « compteur Geiger fait soi-même« .
Connecté, pas connecté ?
Sur la carte dosimétrique ukrainienne, c’est calme. Une fenêtre vous propose de donner de l’argent à l’armée ukrainienne, via une interface toute simple, avec la carte bancaire. Apple ne vend plus ses bijoux en Russie, Airbnb aurait récolté 2 millions de dollars de fausses réservations en Ukraine (on en parlait mardi matin). Drôle de guerre.
Non seulement les stocks de dosimètres ont disparu (étaient-ils conséquents ?), mais les packs quinze jours lyophilisés sont out of stock. Par contre, il reste une ou deux références de mini rations sans gluten.
Pascal :
Je vais vous les prendre.
En gros, entre les risques d’un nuage radioactif, de conflits sociaux (hausse des prix, réfugiés, coups de sang météo), d’une extension de la guerre à l’Ouest et maintenant d’une histoire de labos biologiques chelous… Vivement le printemps !
Je cherche à me représenter une perspective favorable avant d’aller dormir. Je me dis que si je n’en vois pas c’est peut-être tout simplement parce que je ne regarde pas du bon côté. Au lieu d’acheter du gaz, une radio à piles (maintenant on dit batterie sur port USB) et un troisième filtre à eau, je ferais mieux d’aller planter des patates et faire le tour des voisins, histoire de mesurer la distance qui nous sépare d’une solidarité suffisante. Mais non, je préfère raconter le fil des jours jusqu’à pas d’heure.
Comme l’a suggéré Marcel LeFever dans son discours lors du congrès des parfumeurs, la conscience reptilienne est froide, agressive, caractérisée par l’instinct de conservation, irascible, avide et paranoïaque. […] La conscience mammifère se caractérise par la chaleur, la générosité, la loyauté, l’amour (romantique, platonique et familial), la joie, le chagrin, l’humour, l’orgueil, la compétition, la curiosité intellectuelle et la sensibilité à l’art et à la musique.
[Et les deux cohabitent dans le cerveau, note du rapporteur, sous une encore jeune conscience florale dont l’émergence de l’informatique serait une conséquence]
Tom Robbins, Un parfum de Jitterbug
C’est marrant, vous êtes sur Radio-Tchernobyl.
Je suis soulagé qu’elles soient en France.
Mardi 8/03, 17h00
Olga et Irina n’ont pas assez dormi, mais sans cauchemars. Olga est soulagée de savoir qu’elles verront une généraliste demain pour un bilan (avec au besoin un soutien médicamenteux adapté) et une psychologue expérimentée (avec des réfugiés Syriens) jeudi. Reste la question de la langue (Irina ne parle pas français et mal anglais) et si Olga peut traduire pour elle dans un premier temps, ce n’est pas idéal, ni pour l’une ni pour l’autre. Mais c’est la guerre, comme on dit. Et, bien entendu, leur situation personnelle est déjà bien meilleure que pour la majorité de leurs compatriotes qui quittent le pays sans point de chute. L’extrême attention que nous portons à nos amies ne masque pas l’ampleur du besoin.
Une maison les attend dans les Ardennes, à la campagne. Il y a des options pour elles à Paris (s’il fallait voir des spécialistes), en Bretagne… Ça ne manque pas. La priorité reste de leur offrir du calme, du temps. Les fils d’information (qu’elles suivent sur leur téléphone) les gardent évidemment dans le stress de la situation qu’elles laissent derrière elles et le sort de leurs proches.
Aux dernières nouvelles, la situation de Pacha reste correcte, chez un ami quelque part dans le sud-ouest de l’Ukraine, qu’il a rejoint avec une voiture sans frein… Il s’est enregistré auprès de l’armée, qui a besoin d’hommes équipés, ce n’est pas son cas.
Aucune nouvelle de la région d’Ivankiv. Nous avons repéré l’initiative qui consiste à envoyer de l’argent via Airbnb avec de fausses réservations de logement en Ukraine. Il n’y a que trois propositions d’hébergement du côté d’Ivnakiv et l’on ne voit pas bien comment cet argent pourrait servir sur place sans distributeur fonctionnel. Quant à imaginer déclarer chez Airbnb les caves de nos amis, créer des comptes sur la plateforme paraît compliqué sans accès au réseau internet. Et Valera ne doit même pas avoir de compte bancaire. Mais c’est peut-être une piste dans un second temps.
La cagnotte est à nouveau à près de 3 000 euros ce matin : merci à vous.
Lundi 7/03, 19h30
Fidèle conduit la voiture par la pensée.
Des rendez-vous médicaux sont pris.
Comment vont faire les réfugiés qui ne connaissent personne ? C’est l’autre face de la guerre, une façon de la pousser en Europe.
Lundi 7/03, 16h30
Pas de nouvelles de Tola et Valera. Nous n’osons plus solliciter Olga à ce sujet, du moins pour le moment. Morgane continue d’envoyer des SMS, qui leur arrivent peut-être, s’il reste un réseau téléphonique et de l’énergie dans les batteries.
Lundi 7/03, 12h30
La voiture est en route pour être à Prague ce soir.
Brice :
Au petit déjeuner de l’hôtel, il n’y a que des femmes ukrainiennes avec leurs enfants. Olga et Irina ont très peu dormi. Olga a fait un cauchemar qui a réveillé Irina. Nous avons pu discuter un peu de la situation psychologique d’Olga. Elle m’a redemandé pour voir quelqu’un, elle se sent perdue et dépassée par ce qui tourne dans sa tête. Les bombardements surtout. J’ai l’impression qu’Irina est moins choquée. Qu’elle a moins vécu… Mais ce n’est pas confirmé.
Nous prévoyons d’aller les récupérer dans les Ardennes pour les ramener en Bretagne, peut-être même d’être sur place à leur arrivée demain soir.
Il y a eu un pataquès avec la collecte : « un particulier ne peut pas lancer de collecte de dons ». Manque d’expérience. Nous avons sollicité l’association Trégor Sonore, dans laquelle je suis actif, pour prendre le relais via la plateforme HelloAsso, en attendant la création d’une entité dédiée. Le compteur de dons n’est pas visible sur ce nouveau dispositif. Nous vous tiendrons au courant.
Dimanche 6/03, 23h00
Bon. Avant de vous donner des nouvelles d’Olga et d’Irina, Radio-Tchernobyl me rappelle à l’ordre : le nucléaire.
Le vent dominant, à cette époque de l’année, sur Zaporijia, est un vent d’est, donc vers nous.
D’accord, le bâtiment détruit était dédié à la formation professionnelle (des tables, des chaises, des simulateurs ?). Drôle de cible. D’accord, la centrale n’a pas été endommagée. L’enceinte aurait été touchée, mais aurait résisté, et quelques tuyaux percés ne crachent rien d’embêtant. D’accord. On ne sait pas si c’est aussi vrai que ça en a l’air, mais admettons. Les dosimètres se tiennent tranquilles : ça doit être vrai.
Je le redisais l’autre jour : l’électro-nucléaire n’est pas compatible avec la guerre à domicile.
L’ÉLECTRO-NUCLÉAIRE N’EST PAS COMPATIBLE AVEC LA GUERRE À DOMICILE.
Les centrales nucléaires sont de grands organismes conçus pour s’épanouir dans un environnement calibré, stable, prévisible. Tout le contraire de la guerre.
Il n’est pas question de couper l’électricité, on ne doit pas du tout couper électricité. Même avec les réacteurs à l’arrêt. Le refroidissement est en jeu. Et avec le refroidissement, la température du cœur.
Vent d’est. Autour de 20 km/h.
On en parle à table avec Maya. On est d’accord : distribuer aux enfants que l’on connaît nos 40 pastilles d’iode par tirage au sort est un peu dégueulasse (surtout s’il y a une fratrie dans la liste), mais comment faire mieux ? Laissons le hasard prendre la décision. Quant à savoir si les parents de Maya doivent en prendre (et priver entre 2 et 4 gosses d’une protection partielle), au motif qu’il ne serait pas très utile de protéger la thyroïde de Maya sans être là pour lui procurer des patates et des câlins : ben, ça se discute.
On-na-ka en donner ka ceux qui sont sympas.
La France envoie 2,5 millions de doses en Ukraine, « pour parer à tous dangers nucléaires ». C’est un peu excessif, l’iode ne fait pas tout, ce serait trop facile.
Comme nous, je vous invite à intégrer qu’une guerre d’artillerie lourde est en train de saccager l’environnement (à peu près) calibré, stable, prévisible de 5 vieux sites nucléaires. Prions pour que les opérateurs tiennent le coup et trouvent la ressource électrique à même de refroidir les réacteurs arrêtés. En gros, il faut du jus. L’histoire nous enseigne que les pets de cocottes-minute atomique voyagent loin, assez vite et longtemps.
Brice a pu discuter avec Olga, un brin confuse sous benzodiazépine. C’est la peur qui l’a décidé à partir. La nuit où un truc volant explosif s’est fait choper par la défense anti-aérienne au sud de Jytomyr. Irina ne voulait pas partir.
Je vois bien qu’à partir d’un certain degré d’intimité, il faudra les laisser en parler d’elles-mêmes.
Nous discutons de les ramener en Bretagne. On va chercher les infos psys. Quand je pense à l’énergie qui va se dépenser simplement pour les rendre à elle-même (avec leur mari là-bas et le branle-bas qui continue), et que des millions d’Ukrainiens sont dans leur cas, je me dis, vraiment, qu’est-ce que c’est ce gaspillage d’humanité ?
Elles s’inquiètent de vivre à nos crochets : nous les rassurons sur le sentiment d’utilité que procure le don.
Dimanche 6/03, 16h00
Elles sont passées !
Elles viennent d’entrer en Slovaquie par le poste d’Ubl’a et sont avec Brice et Florian. Elles vont assez bien, elles prennent des tranquillisants. La voiture devrait être de retour en France mardi soir.
Chers ami.es, notre soulagement est peu de chose dans le chaos qui submerge l’Ukraine, mais nous n’allons pas cracher dessus ! Merci pour votre empathie et vos dons.
Dimanche 6/03, 14h00
Olga et Irina sont à 5 kilomètres de la frontière, qu’elles rejoignent à pied. Elles ont dit au revoir à Pacha.
Brice :
Il fait -5, la route est blanche. On n’a pas à se plaindre.
Dimanche 6/03, 12h00
La page Facebook de l’association Les Enfants de Tchernobyl diffuse des informations sur la région d’Ivankiv. La nourriture manque.
Olga, 11h26 :
Pacha doit s’inscrire au bureau de recrutement. On vient de passer par un check-point où un militaire l’a commandé. Je pense que ça nous ralentira. Je vous tiens au courant
Dimanche 6/03, 10h30
Brice et Florian ont dormi quelques heures, avancent.
Olga devait nous accueillir en avril. Cette année, on échange.
À trois heures du mat, sous la couette, on détaille à voix basse le nouveau jeu de cartes ukrainien dont les lignes de force s’esquissent, se brouillent, lancent vers l’avenir leurs petits bras poilus et pas mal d’ongles.
Il y a 40 comprimés d’iode sur la table, achetés en ligne dans la perspective de ce genre de situation. Il en faut 2 par personne, 1 avant 12 ans, 1 /2 avant 3 ans. Je fais la liste des enfants que nous connaissons. Je ne vois pas bien comment choisir. Tirer au sort. Le cancer de la thyroïde s’opère bien, paraît-il. À condition que le système de santé ne s’écroule pas. De toute façon, l’iode radioactif n’est vraiment que l’un des brins du sac de nœuds.
C’est dimanche.
Une partie de notre famille de cœur approche de la frontière, une ligne entre deux bulles, dont l’une vient de péter.
Pourquoi donc les grands pontes ne jouissent-ils pas d’améliorer les choses, je me demande.
Ludovic Slimak, dans son livre « Néandertal nu« , fait l’hypothèse que Sapiens n’est tout simplement pas équipé pour l’altérité, quelque soit l’échelle ; l’autre serait toujours plus ou moins derrière une distance infranchissable. Je vois quand même bien des exceptions, dont ce lien avec nos amis ukrainiens, qui n’avait rien d’évident voilà quinze ans. Aujourd’hui, à voir vos réactions, vous toutes et tous qui suivez les nouvelles d’Olga, on dirait que la distance a l’air moins grande.
Samedi 5/03, 23h30
Olga et Pacha sont arrivés à Lviv par la route, Irina par le train.
On ne connaît pas le temps d’attente au poste-frontière, on en aura une idée demain. Brice signale (via des infos captées sur Twitter) de possibles contrôles de police à l’approche du poste, côté Europe. Normalement, une étape d’enregistrement attend nos amies une fois passée la frontière. Mais l’entrée en Europe est simplifiée a priori et Fidèle a son carnet vétérinaire. On se demande bien ce qu’un chien fait dans cette galère. Ça ne colle pas avec les images habituelles de « migrants », évidemment.
Samedi 5/03, 17h30
La collecte pour l’atterrissage d’Olga, d’Irina et de Fidèle est en place ici.
Pour se rafraîchir la mémoire, on peut lire ou relire le journal du dernier voyage (2019) dans le secteur de Tchernobyl (Slavoutich, Narodichi et Ivankiv) aujourd’hui sous contrôle russe (aux dernières nouvelles).
Samedi 5/03, 16h00
Brice et Florian roulent vers la frontière. Olga et Irina s’en approchent. Les perspectives pour Pacha semblent correctes à ce stade.
Nous mettons en place les conditions de leur accueil :
- Dans l’est de la France pour commencer où une maison les attend. Nous verrons avec elles ensuite selon leurs souhaits et leurs besoins (se mettre au vert, voir du monde, consulter des spécialistes psy ou médicaux, régler des questions administratives, disposer d’une adresse, etc.). Nous vous tiendrons au courant. Les propositions d’hébergement sont nombreuses : merci à vous !
- Arnaud a ouvert un compte dédié auprès du Crédit Agricole (qui compte 2400 salariés en Ukraine) ; le RIB est actif ; nous mettons en place dans un premier temps une cagnotte pour assurer l’atterrissage ; le lien sera actif sous peu maintenant (prochain post sans doute ce soir ou demain matin).
- Nous sommes également en contact avec d’autres entités : les besoins d’accueil vont être grands : nous croyons qu’Olga pourra jouer un rôle d’intermédiaire auprès de ses compatriotes une fois qu’elle aura atterri.
Par ailleurs, il semble devenu difficile de se procurer un dosimètre (compteur Geiger). La plupart des références courantes apparaissent en rupture de stock. Si la question vous préoccupe, la carte mondiale GMC rassemble les données relevées par les appareils connectés de la marque GM et dont les propriétaires autorisent la mise en ligne.
Les valeurs indiquées (toujours à relativiser avec ces appareils de détection) sont en coups par minute (CPM). En cliquant sur les épingles des appareils, la valeur en µSievert/h s’affiche. Pour mémoire, on mesure 0,10 µSv/h en temps normal à Volodarka, 0,25-0,30 µSv/h à Plougastel-Daoulas. Il ne faut pas s’inquiéter des petites variations sur ces appareils. L’émergence d’une seule valeur forte n’est pas représentative non plus : quelqu’un peut tester une source radioactive.
Le nôtre est actif, partage ses données et affiche 0,10-0,11 µSv/h. Trois appareils sont actifs à Kyiv.
L’Ukraine est couverte par un réseau officiel de balises automatiques avec un report sur carte en ligne. Les zones industrielles nucléaires sont densément suivies. Pour rappel, les valeurs indiquées sont en nanoSievert/h (à diviser par 1 000 donc). Les taux apparaissent normaux à la centrale de Zaporijia, où Le Monde ce matin faisait état d’un fonctionnement sous contrôle (opéré par le personnel ukrainien) avec 5 réacteurs à l’arrêt. La direction de la centrale serait sous contrôle armé russe.
Samedi 5/03, 4h00
Bonjour,
Brice et Florian partent tout à l’heure chercher Olga et Irina, l’épouse de son frère, et Fidèle, le chien. Il y aura pas mal de check-points d’ici là, avant le passage, peut-être dimanche.
Difficile d’afficher ici les échanges de ce vendredi, tant la décision de partir, de laisser mari, parents, fratrie, amis et tout ce foutoir qui se colmate à tour de bras (par des gens normaux dans des villes bombardées) peut saper.
Combien vivent cette rupture aujourd’hui ? Si le sort d’inconnus nous émeut dans une photo redoutable, en ligne ici ou là, la séparation des amis nous donne la pleine mesure, horriblement familière tout à coup, de ce désordre sans nom, sorti d’un seul chapeau, dans un bureau.
Nous connaissons moins bien Pacha qu’Olga. A cause de la langue (nos trois mots d’english et la nécessité d’une traduction pour de plus amples détails). De sa présence discrète aussi. Pacha s’active dans un pays qui marche sur trois pattes et tout un tas de béquilles évidentes, foutraques, réjouissantes. Comme j’aimerais que tu partes aussi.
Olga a parlé avec Tola qui va bien.
L’accueil d’Irina et d’Olga ne devrait pas poser de problème d’hébergement (sauf à se demander quel genre de confort leur offrir) : les propositions sont nombreuses. Pour payer le voyage vers la frontière, leur assurer un minimum d’autonomie et leur permettre d’agir, une cagnotte va démarrer, Arnaud s’en occupe. Irina ne connaît personne ici.
C’est marrant de voir comment celles et ceux qui ont connu la région de Tchernobyl en compagnie d’Olga se mettent en quatre aujourd’hui. Mais pas seulement. Je pense à Alain, Anne-Gabrielle, Cornille qui l’ont rencontré ici, lors de son séjour en 2018. Et d’autres, que nous ne connaissions même pas.
Quand on parle d’Olga, on ne parle pas d’une réfugiée déboulant d’un pays chaviré, on ne parle pas d’un dommage collatéral. On parle de la bonté d’âme sortant à reculons parce qu’un hachoir, sourd, pousse ses petits soldats (qui se demandent un peu) casser des gens. Le départ d’Olga, c’est le déplacement de la petite flamme, essentielle, le temps que la tornade s’en aille mourir seule dans un dépotoir de fragments.
Et c’est marrant comme écrire des trucs pareils m’aurait paru mélodramatique dix jours en arrière. Quelqu’un, tout à l’heure, a commencé une phrase en disant « avant la guerre ». Je me suis rendu compte que jusque là, cette expression nous renvoyait à 39.
Mais c’est dingue comment nos pires tics d’Homo Sapiens ressortent à toute vitesse, et perso, j’en compte quelques-uns dans la liste de nos citoyens-candidats à la présidentielle. La vodka nous garde de mettre sur le trône une graine de ce genre-là.
Pour l’attaque de ce matin à la centrale de Zaporijia (un nouveau nom pas évident, ça y est, je l’imprime : Zaporijia, six réacteurs), c’est con dans cette période de grands projets immobiliers, mais nous avons déjà dit ici que le nucléaire n’était pas compatible avec la guerre à domicile.
Bon voyage jusque par ici.
Vendredi 4/03, 13h40
Olga nous a demandé de la récupérer à la frontière. Une voiture va se mettre en route.
Vendredi 4/03, 1h00
Jeudi 3/03, 8h20
Mercredi 2/03, 23h00
Mercredi 2/03, 19h15
Morgan a pu discuter avec Olga par visio cet après-midi.
Le frère de Pacha est revenu de Kyiv prendre les femmes qui partent à la frontière polonaise ; il reviendra avec des colis d’aide humanitaire. Ils ne sont donc plus que quatre dans leur refuge au sud de Jytomyr. Ça va, il y a des patates et du feu.
Olga a des nouvelles de ses parents, bloqués à Kryvyi Rig : trop de présence russe pour prendre la route et la petite Jigouli n’est plus d’attaque.
Olga et sa mère ont chacune parlé à leur famille russe, Olga à sa cousine russe, sa mère à sa sœur russe. Ni la cousine ni la sœur ne croient à la réalité de l’attaque russe ou à la responsabilité de Poutine : elles sont convaincues que la propagande ukrainienne est à l’œuvre. Olga dit qu’elle n’a plus de famille en Russie.
Elle dit qu’un prêtre ukrainien a été tué à côté d’Ivankiv pour avoir refusé de laisser sa voiture aux soldats russes. Elle a échangé hier avec Tola, toujours à Ivankiv : pas trop de danger tant que l’on reste tranquille dit-il.
Pas de nouvelles de Valera.
Légende ou résistance, des histoires circulent :
Des Russes demandent à une mémé de leur fournir à manger ; elle les invite à entrer pour leur préparer du thé, qu’elle agrémente d’un bon laxatif ; une fois les toilettes occupées, elle y met le feu.
Et Olga rejoint le fan-club du Ghost of Kyiv :
Elle dit qu’elle va couper ses cheveux : avec le stress, ils tombent.
Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, le président ukrainien est le héros d’une fiction (visible sur Arte) tournée avant son élection et dans laquelle un prof d’histoire devient président de l’Ukraine…
Mardi 1/03, 20h00
Rien de neuf ni chez Olga, ni là-haut, du côté d’Ivankiv.
Olga a envoyé :
On dit que le 5e, le 12e et le 21er jours de la guerre (ou autre situation stressante) sont les plus difficiles psychologiquement.
Pascal :
En tant que parents bien comme il faut, nous venons de déclarer à notre fille de quasi onze ans qu’elle devait avoir dit au revoir à sa chambre et choisi dans sa tête les deux-trois indispensables qui lui permettraient de ne pas péter un câble tout de suite en cas de départ obligatoire précipité (que nous appellerons DOP). Nous sommes simplement persuadés qu’un gamin du 21ème siècle ouest européen devrait avoir dans la tête une petite case bien nette à propos de la précieuse fragilité du cocon familial et des habitudes confortables. Elle a dit qu’elle avait vraiment trop de doudous.
C’était une parenthèse.
J’envoie à Olga les commentaires du Monde sur la lenteur de progression de la chenille russe.
Mardi 1/03, 8h00
Bonjour,
Morgane envoie deux ou trois fois par jour des SMS vers les téléphones de Valera et Tola.Tola, à Ivankiv aux dernières nouvelles, a répondu ce matin pour la première fois :
Chers Morgan et Pascal, merci de prier pour la paix en Ukraine, merci pour votre soutien. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps d’emmener ma famille hors de la zone de guerre. Nous sommes en territoire occupé alors que nous avons de la nourriture et de l’eau. Au début c’était très effrayant car nous ne sommes pas libérés [sortis ?] d’ici, survécu à tout [?], pleurant constamment avec Aliona [sa femme]. De nombreuses personnes voyageant en voiture se font tirer dessus sans raison, et tous les ponts sont déjà détruits, nous ne pouvons qu’attendre. On est dans une maison, on a une petite cave, quand le [tournage] commence on s’y cache. Nous y sommes déjà un peu habitués et nous nous sommes calmés. Nous espérons une meilleure Ukraine pour la paix et non pour la guerre avec nous, vraie Gloire à l’Ukraine.
Liveuamap relaie le passage ce matin d’une colonne militaire (image satellite) à côté de la station-service au sud d’Ivankiv :
Olga, Pacha, leurs proches vont bien.
Olga n’a pas de nouvelles de Valera ; elle a vu sur Facebook que Jora, le mari de sa mère (maire de Volodarka) a été tué par les Russes.
Pour rappel, ces nouvelles sont désormais également en ligne pour permettre aux nouveaux lecteurs de suivre le fil et faciliter le partage de l’information.
Mini journal de guerre de février